Après les violences meurtrières de la semaine écoulée, Tchaourou, ville natale de Boni Yayi, est calme depuis dimanche. Il n’y a plus d’affrontements, plus de tirs. La vie a repris, les barrages sont levés, mais les séquelles sont là, les gens sont marqués.
Au centre-ville, des traces d’incendie sur la chaussée, éclats de verre dans les bureaux de l’arrondissement mis à sac, odeur de caoutchouc brûlé. Devant ces stigmates de scènes chaotiques, Pascal Afouda est médusé et révolté : « La population de Tchaourou a subi quelques jours de terreur. Les gens ont quitté le village. Il y avait beaucoup de peur. Ça tirait, ça tirait, ça n’arrêtait pas de tirer. Nous n’avons jamais connu ça. »
Les militaires étaient partout, ajoute un autre. Aujourd’hui, ils sont moins visibles, toutefois on voit des hommes postés de l’entrée à la sortie de Tchaourou. Le colonel-chef des opérations avec qui nous avons échangé, dit avoir réduit ses effectifs de 25%.
Pendant combien de temps sont-ils encore là ? Il répond sèchement, « nous sommes venus libérer la voie, c’est fait ». Sur les tirs à balles réelles, il explique, « on a riposté, parce qu’on nous a tiré dessus ». Comme le ministre de l’Intérieur, il ne donne que le bilan de ses hommes blessés.
Lundi le marché s’est animé, mais la peur est là. Comment la dissiper ? Voici les vœux de Serge Asoni : « Je voudrais faire un vœu, celui de voir ma ville redevenir comme elle était. Quand un père de famille sait frapper, il sait aussi être doux. » Le message est pour le président Talon qui devrait selon nos informations recevoir en audience ce mercredi une quinzaine de hauts cadres de Tchaourou.