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RDC : L’espoir renaît avec le retour d’un okapi au zoo de la Réserve de Faune à Okapis (RFO) d’Epulu

L’okapi, emblème de la RDC, retrouve le zoo de la Réserve de Faune à Okapis, site UNESCO, après une longue absence. Malgré les menaces du braconnage et de l’insécurité, ce retour ravive l’espoir pour la conservation de l’espèce et le tourisme éco-responsable. L’exploitation illégale des minerais et les groupes armés fragilisent l’habitat de l’okapi. Les organisations de conservation et les communautés locales s’unissent pour protéger cet animal unique et promouvoir un avenir durable.

Après treize longues années d’absence, l’okapi, animal emblématique de la République démocratique du Congo (RDC), a fait son grand retour au zoo de la Réserve de Faune à Okapis (RFO), site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, en février 2025. Cette nouvelle ravive l’espoir pour la conservation de cette espèce unique et endémique du pays.

Le zoo d’Epulu, situé au cœur de la RFO, avait été déserté par les okapis après une attaque dévastatrice menée par un groupe rebelle armé, qui avait abattu quatorze okapis en captivité. Face à cette tragédie, le projet de conservation de l’okapi, dirigé par Wildlife Conservation Global, a obtenu l’autorisation de lancer une nouvelle campagne de capture au début de l’année 2025.

Le 17 février 2025, une jeune femelle okapi a été capturée à environ 11 km du siège de la réserve, puis transférée le lendemain au zoo d’Epulu. Baptisée « Tundana », signifiant « tous ensemble unis » en langue Kibila, elle est actuellement le seul okapi en captivité dans la réserve.

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Cependant, des défis sécuritaires ont contraint l’équipe à interrompre la campagne de capture avant d’atteindre le quota prévu. Malgré cela, Tundana s’adapte remarquablement bien à la captivité. Elle bénéficie d’un suivi rigoureux par une équipe dédiée et les communautés pygmées locales, qui participent activement à son alimentation. L’animal accepte désormais la présence humaine sans difficulté, un signe encourageant pour son bien-être.

Des menaces persistantes pour l’okapi et son habitat

« L’okapi a besoin de vastes forêts intactes pour survivre. Tant que ces forêts sont protégées, l’okapi peut vivre et se reproduire naturellement », souligne Berce N’Safuansa, directeur de la conservation chez Wildlife Conservation Global, contacté par le Journal Africa.

La conservation de l’okapi reste confrontée à de multiples obstacles. Le braconnage pour sa peau, sa viande, ses ossements et sa graisse constitue une menace persistante, comparable à celle pesant sur les éléphants et les rhinocéros. Par ailleurs, l’exploitation illégale des minerais dans la RFO détruit l’habitat naturel des okapis, tandis que la présence de groupes armés complique la sécurité dans la région.

« La présence de groupes armés et l’exploitation illégale des minerais sont des défis majeurs qui menacent l’habitat naturel de l’okapi et entravent notre travail de conservation », déplore Berce N’Safuansa.

Un espoir pour le tourisme et la conservation durable

« Cette capture et la mise en zoo de l’okapi représentent une immense joie pour nous. La RFO d’Epulu retrouve son sens, car parler d’okapi, c’est pouvoir le voir et le toucher. Ce retour attirera un tourisme éco-responsable et permettra à la province de l’Ituri de disposer de davantage de ressources pour son développement. L’autorité de l’État doit maintenant être restaurée dans la zone pour que cette aire protégée soit exclusivement sous le contrôle des éco-gardes, et non des groupes armés », réagit John Toly, coordonnateur du Forum des Engagés pour le Développement Durable, une association de défense des droits environnementaux basée à Bunia.

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Le tourisme dans la RFO, géré conjointement par la Wildlife Conservation Society (WCS) et l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), avait fortement décliné en raison de l’insécurité. Le retour de l’okapi ouvre la voie à une relance progressive des visites, axées principalement sur l’éducation environnementale et la recherche scientifique. Ce projet vise à sensibiliser la communauté nationale et internationale à l’importance de protéger cet animal emblématique.

Le programme de conservation ambitionne de poursuivre la capture d’autres okapis, notamment des mâles, pour établir un programme de reproduction en captivité. L’objectif idéal serait de constituer un groupe de deux mâles et deux femelles au zoo, garantissant ainsi la pérennité de l’espèce en milieu protégé. Cette opération ne pourra être menée que durant la saison sèche, sous la supervision de l’ICCN.

Berce N’Safuansa lance un appel vibrant : « Nous devons tous nous unir pour dénoncer les activités illégales et soutenir la conservation de l’okapi, symbole de fierté et d’identité culturelle pour la RDC. » Il ajoute : « En protégeant l’okapi, nous protégeons aussi le mode de vie des peuples autochtones. L’okapi et les communautés locales partagent les mêmes besoins : la forêt et la paix. »

Benjamin Sivanzire

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