Actuellement le Burundi héberge plus de 87 000 réfugiés. Hélas, les conditions de vie de réfugiés vivant dans différents camps du pays restent incertaines malgré des efforts fournis, déplorent-ils ce 20 juin 2023, lors de la célébration de la journée mondiale des réfugiés.
Le monde a célébré le 20 juin, la journée mondiale du réfugié. Cette année 2023, les activités se sont déroulées sous le thème « De l’espoir loin de chez soi pour un monde où les réfugiés auront toujours leur place ». Cette journée est pour le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), ses différents partenaires et les gouvernements des différentes nations, un moment propice de réflexion et de recherche de solutions durables en faveur des réfugiés.
Au Burundi les festivités ont eu lieu au camp de Nyankanda en commune Butezi de la Province de Ruyigi. « Personnellement, je me pose souvent la question s’il faut réellement que nous puissions célébrer cette journée ou s’il faut passer du temps beaucoup plus réflexion. Parce que nul ne souhaite être réfugié, on devient réfugié à cause de circonstance, soit l’insécurité, soit la persécution puis on est obligé de laisser tout derrière soi pour s’exiler », a indiqué Brigitte Mukanga Eno, la représentante du HCR au Burundi.
Contraint de fuir leurs pays et d’avoir laissé tout derrière eux, en raison de la violence, de la guerre et des persécutions, les réfugiés vivant dans les camps ont du mal à reconstruire leur vie.
« La situation actuelle est tellement préoccupante. L’assistance en vie a été réduite jusqu’à 50%. À titre d’exemple, ce mois de juin nous avons eu 3 kg de maïs, 1kg de haricot, 8 000 Fbu, … pour couvrir le mois », déplore Louise Mushingirwa Miyangano, mère de 8 enfants vivant à Nyankanda depuis 2018.
D’après le représentant des réfugiés, Espoir Batachoka Yunusi, les conditions des vies sont alarmantes dans tous les domaines de la vie des réfugiés. M. Yunusi dénonce les soins de santé inefficaces due à l’insuffisance des médicaments et le retard, voir un nombre limité de transfert des patients gravement malades vers des grands hôpitaux.
Espoir Batachoka Yunusi démontre également que même le système éducatif est de plus en plus menacé. Car il y a un grand nombre d’élèves et d’où la moyenne est 80 élèves par classe à l’école maternelle, primaire et 75 élèves par classe à l’école secondaire, ce qui fait l’insuffisance des salles de classe. Les élèves n’ont pas d’uniformes scolaires. Il y a aussi le manque d’une bibliothèque et d’une salle d’informatique pouvant faciliter aux enfants et aux enseignants de faire des recherches.
Espoir Batachoka plaide pour la mise en place d’une bibliothèque et d’une salle d’informatique, les uniformes scolaires, la construction des nouvelles salles de classe et la majoration de prime pour les enseignants, l’augmentation des vivres. Il demande également au HCR et ses partenaires de leur venir en assistance des non vivres.
Pour répondre, Mme Mukanga signale que les ressources sont limitées et le HCR ne peut répondre qu’aux besoins qu’il peut couvrir avec les contributions qu’il reçoit de la part des différents donateurs. Cela est lié à la réduction du budget annuel du HCR qui ne cesse de faire face à des nouvelles crises qui se manifestent dans la région dont le soudan, l’Éthiopie en RDC etc.
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Y a-t-il de l’espoir ?
Certes qu’avec les politiques des portes ouvertes de la part du gouvernement burundais en faveur des réfugiés, l’espoir est certain. Le HCR et les autorités du Burundi réfléchissent assez souvent pour voir au niveau des politiques qui aident à gouverner la situation des réfugiés afin d’améliorer et répondre aux besoins de ces derniers.
Par ailleurs, avec les projets PRODECI-TURIKUMWE (nous sommes ensemble réfugiés et communauté hôte) obtenu de la Banque mondiale. Ce projet vient renforcer les activités génératrices des revenus afin de pallier l’autosuffisance des réfugiés.
Selon la représentante, le HCR est dans les discussions avec les autorités du Burundi pour les différents programmes d’intégration des réfugiés dans les services nationaux pour atteindre l’autosuffisance qui fait normalement la dignité de chaque réfugié. « Et avec cela nous pensons que vous pouvez être loin de chez vous, loin du pays mais dans la dignité avec beaucoup d’espoir pour vous prendre en charge et prendre en charge vos familles », a-t-elle dit.
Toute fois l’assistant du ministre de l’intérieur, de la sécurité publique et du développement communautaire, Célestin Nibona Bonasinze, encourage les réfugiés à exercer des activités génératrices des revenus pour leurs survie, faisant référence au slogan du président de la République du Burundi, Evariste Ndayimiye, « Chaque bouche doit avoir à manger et chaque poche doit avoir de l’argent ».
Selon l’assistant, le gouvernement du Burundi accompagne toujours le HCR dans tous les processus de mise en œuvre de solutions durables dont notamment le rapatriement volontaire, la réinstallation et l’intégration des réfugiés.
Le Burundi héberge plus de 87 000 réfugiés où près de 40 000 réfugiés sont en milieux urbains Bujumbura, Rumonge et les autres dans les cinq camps se trouvant à l’intérieur du pays.
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Willy Muhindo