La culture burundaise encourage les violences basées sur le genre. L’attitude du silence en cas de violences conjugales empêche les victimes de dénoncer. Pour certains, sans inverser les tendances culturelles, la lutte contre les violences basées sur le genre ne sera jamais gagnée. Aussi, le changement de culture prend du temps.
Les victimes des violences basées sur le genre (VBGs) ne le dénoncent pas, surtout dans les foyers conjugaux. Ils recourent au silence (Niko Zubakwa). Aussi, des pratiques dégradantes à l’endroit de la femme de certaines communautés burundaises (Gushinga amashiga,…), sont toujours d’actualité, regrette Jacques Nshimirimana, commissaire de la Commission nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH).
Cela étant, depuis 1991, la période du 25 novembre au 10 décembre, les défenseurs des droits de l’Homme du monde entier font une campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. Dans ce cadre, le Centre d’Alerte et de Prévention des conflits (CENAP) a rassemblé ce 30 novembre, les étudiants de l’Université du Burundi, pour les sensibiliser sur la masculinité positive.
Comme les hommes et les femmes vivent dans les mêmes communautés, il est difficile que les femmes gagnent une lutte propre à elles. Mains en mains, tous ensemble, hommes et femmes doivent se mobiliser contre les violences faites aux femmes, appelle Liberate Nahimana, présidente du CENAP. Ce changement de mentalité doit commencer avec ces jeunes universitaires, leaders et chefs de familles de demain. Ils doivent être premiers à adopter des comportements favorables à la promotion de la femme et l’égalité des genres, conclut la présidente.
La lutte contre les VBGs proviendra de l’inversement de la culture
La culture burundaise a depuis longtemps élevé l’homme au-dessus de la femme. Cette position de l’homme dans la société est souvent source de violences que subissent les femmes, indique Jacques Nshimirimana. C’est pourquoi ce commissaire explique que l’efficace moyen de lutter contre VBGs au Burundi se trouve dans le changement des tendances culturelles.
Les papas, dans leurs familles, pour être des modèles à leur progéniture, doivent commencer à aider leurs dames à faire des travaux ménagers, qui sont depuis longtemps considérés comme des travaux dédiés à la femme, propose Mme Emerance Bucumi, présidente du Forum national des femmes, comme un exemple de ce qui devrait être fait par les hommes pour changer ces tendances culturelles. Cela permettra des changements sur le long terme, conclut-elle.
La masculinité positive n’est pas perçue de la même façon suivant les milieux. Certaines communautés prennent pour valeurs, ce que d’autres communautés considèrent comme antivaleurs. C’est l’effet de la culture, dit Jacques Nshimirimana. Pour changer la culture, c’est un long processus, ajoute-t-il. C’est pourquoi la lutte contre les VBGs est un combat qui doit être mené par tout le monde.
La masculinité positive est bonne. Mais, elle ne sera utile que lorsque les femmes, elles aussi, adopteront un comportement moral et responsable. Sinon, la lutte contre les violences sera nul et de nul effet. Les défenseurs des droits de l’Homme auraient peigné la girafe pendant ces 16 jours d’activisme.
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Eric Niyoyitungira