L’exploitation des drones en Côte d’Ivoire est encadrée par le RACI 3009, une réglementation sur les aéronefs télépilotés.
La Côte d’Ivoire fait partie des quelques pays africains qui ont décidé d’autoriser l’exploitation des drones civiles.
Cependant leur utilisation se fera dans un cadre bien organisé, précise l’autorité en charge de l’aviation civile dans le pays.
Pour se faire, la Côte d’Ivoire s’est dotée d’une réglementation relative aux aéronefs télépilotés communément appelé drones. Il s’agit du RACI, Règlement Aéronautique de Côte d’ivoire relatif aux aéronefs télépilotés numéro 3009 (RACI 3009).
« Nous étions confrontés à une demande très forte et nous avons constaté une forte utilisation des drones par certains acteurs. Il était donc important d’encadrer ce secteur en plein essor d’où la mise en place de la réglementation qui est le RACI 3009 », a expliqué à la BBC Docteur Koffi Konan sous-directeur des Opérations Aérienne à l’ANAC, l’autorité nationale de l’aviation civile de Côte d’Ivoire.
A lire aussi
La première édition du texte a été publiée en janvier 2018 et la deuxième est disponible depuis avril 2019.
Le RACI 3009 précise à travers ses dispositions qui peut utiliser un drone en Côte d’Ivoire, la responsabilité pénale du détenteur d’un aéronef télépiloté et les zones interdites au survol.
Il encadre également la politique de la Côte d’Ivoire concernant les aéronefs télépilotés.
A ces dispositions administratives s’ajoutent des compétences techniques : le télépilote doit être titulaire d’une attestation ou d’une licence de formation obtenue dans un centre agréé et reconnu par l’ANAC ou un pays de la convention de Chicago.
Copyright de l’image BBC/SUY Kahofi
L’utilisation ponctuelle d’un drone se fait seulement sur autorisation de l’ANAC après l’étude d’une demande introduite par l’entreprise ou le particulier auprès de l’autorité.
Dans ce cas, l’ANAC ne tient compte que du niveau de formation du télépilote et des raisons qui justifient la demande de survol de la zone indiquée.
Concernant l’utilisation permanente des drones – qui implique des vols longs ou hors vue – il est impératif d’avoir une licence (agrément de travail aérien) dont la valeur est de 3 millions de f CFA et qui attribuée après étude de dossier.
« L’agrément pour la première année coûte 3 millions f CFA et l’ANAC assurant la supervision du détenteur de l’agrément à travers des inspections autorise le renouvellement de l’agrément au taux de 1,5 million », indique Docteur Koffi Konan sous-directeur des Opérations Aérienne à l’ANAC.
3 millions pour exploiter un drone civil, un montant jugé exorbitant par les utilisateurs amateurs et professionnels de drone qui demandent un assouplissement de la législation.
« Il est important de créer une plateforme d’échange avec les startups pour permettre à cette réglementation de mieux cadrer avec leurs activités », plaide Marouane Jebbar, président de l’Association des utilisateurs professionnels de drones de Côte d’Ivoire.
Le secteur des drones est aujourd’hui générateur d’emplois en Côte d’Ivoire et peut déboucher sur une industrie plus importante capable de faire du pays un hub incontournable dans le domaine de la conception et l’exploitation des drones.
Un secteur en plein essor
C’est dans le domaine de l’évènementiel et de la production audio-visuelle que les drones civils en Côte d’Ivoire font leurs premières apparitions.
Ils révolutionnent notamment les prises de vue aérienne en offrant plus de flexibilité aux cinéastes et producteurs.
Au-delà du volet artistique, c’est le rapport qualité-prix lié à l’utilisation des drones qui est plus avantageux.
« Les plans aériens par hélicoptère avant l’apparition des drones étaient onéreux : en moyenne 800.000 f CFA les 30 minutes. Or avec ce même montant on peut s’acheter un drone et réaliser des plans de meilleurs qualités » souligne Armand Breh, co-fondateur de Studio Making-On, une entreprise de production audio-visuelle basée à Abidjan.
Copyright de l’image BBC/SUY Kahofi
La majorité des entreprises évoluant dans l’évènementiel disposent aujourd’hui de leurs propres drones ou sous-traitent les prises de vue aérienne aux particuliers.
Au-delà de la production audio-visuelle et de l’évènementiel, la Côte d’Ivoire va devenir un véritable terrain d’expérimentation et d’utilisation des drones dans plusieurs autres secteurs d’activité dont l’agriculture qui occupe 60% des personnes actives dans le pays.
Les exploitations agricoles de taille moyennes sont de plus en plus importantes rendant difficile leur prise en charge à la seule force des mains.
« Des activités comme la pulvérisation aérienne, la cartographie et la topographie, le calcul du taux d’azote au sol et la veille sanitaire se font de plus en plus par drone », explique Aboubakar Karim, directeur général de la start-up Investiv, pionnière dans le domaine des drones agricoles.
L’exploitation des drones civils en Côte d’Ivoire va aussi générer dans son sillage d’autres métiers connexes comme les revendeurs, les pilotes et surtout les maintenanciers qui ont dû apprendre sur le tas à dépanner ces nouveaux engins.
Des drones made in Côte d’Ivoire
Si certains acteurs se spécialisent dans la vente, l’exploitation ou la réparation des drones à Abidjan, d’autres les fabriquent désormais sur place.
Côte d’Ivoire Drone, leader sur le marché local produit et assure le service après-vente de drones utilisables dans plusieurs domaines d’activité.
Marouane Jebbar, directeur général de Côte d’Ivoire Drone mise sur une conception sur mesure des drones pour séduire la clientèle.
« Ces drones sur mesure sont adaptés à nos conditions atmosphériques et aux besoins des entreprises qui n’ont plus besoin de traiter avec l’extérieur pour avoir un produit de qualité ».
Copyright de l’image BBC/SUY Kahofi
L’Autorité Nationale de l’Aviation Civile de Côte d’Ivoire indique que son objectif n’est pas de plomber le développement de l’activité économique autour des drones dans le pays.
Son objectif, dit-elle, est bien au contraire d’encadrer une activité qui ouvre des perspectives d’emploi et de business mais qui doit tout de même être soumise à une réglementation pour des raisons de sécurité.
« Dans certains pays, les drones ont été impliqués dans des attentats ou des cas de violation de la vie privée. Il est donc important d’encadrer l’utilisation des drones pour éviter tout mauvais usage de cette technologie », explique Docteur Koffi Konan sous-directeur des Opérations Aérienne à l’ANAC.