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L’éducation nationale, la belle ou la bête ?

Certains la pourfendent, d’autres la défendent. L’école burundaise suscite des perceptions parfois diamétralement opposées. Des éléments montrent toutefois qu’il serait réducteur de la résumer à ce manichéisme. 

L’Education Nationale burundaise est comme cette fille à qui certains trouvent un charme fou quand d’autres lui trouvent des poux. Lors de la récente rencontre avec les dirigeants des médias, le président Ndayishimiye n’y est pas allé du dos de la cuillère.  Se prononçant sur ceux qui se lamentent d’une baisse de niveau dans ce domaine, il a usé, c’est le moins que l’on puisse dire, d’un punchline à la sauce burundaise : « Ntawuronderera amata mu matako y’ibihori !» Une expression bien burundaise pour dire que la plus belle fille du monde ne saurait donner ce qu’elle a, avant de se lancer dans un chapelet de ce qui serait les causes de cette détérioration en mentionnant que « les enseignants ont reçu une formation lacunaire à cause de la guerre. »

Et pourtant, quelques jours avant, un rapport de la Banque Mondiale avait présenté le Burundi sous d’autres couleurs, plus aguichantes cette fois. Selon cette expertise, « les élèves du primaire au Burundi obtiennent de meilleurs résultats que ceux des autres pays d’Afrique subsaharienne parce qu’ils suivent des cours dispensés en Kirundi, des enseignants qualifiés et une communauté engagée. »

De quoi en perdre son latin ?

La récente publication du rapport national  sur le développement humain 2019 peut donner des pistes de réflexion face à ce paradoxe. Les chercheurs dirigés par l’économiste Arcade Ndoricimpa brossent un panorama nuancé, permettant de saisir ce qui se cache derrière les chiffres sur le secteur de l’éducation.

Du bon et du moins bon. Par exemple, on trouve effectivement que le Burundi occupe la première place des pays africains de la PASEC (un programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Francophonie) sur le nombre d’enseignants formés pour le métier. Idem pour le pays ayant le plus grand nombre  d’élèves dans les milieux ruraux.

Certains contrastes inquiètent tout de même.  Les mêmes recherches montrent que « seulement 5,1% des élèves burundais ont leur propre manuel et 5,1 des écoles burundaises ont une bibliothèque. A la maison les élèves ont peu l’occasion de faire des devoirs. »  Ces indicateurs ont poussé les chercheurs  à en déduire que « l’environnement  d’apprentissage au Burundi est pauvre et ne devrait pas être favorable à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement dans le domaine de l’éducation.»

Un sursaut plus que nécessaire

Dans le rapport de la Banque Mondiale cité, on revient sur l’importance de l’utilisation de la langue nationale dans l’enseignement. Cette politique est vue par certains comme une des solutions. « Mes élèves sont obligés de suivre des cours en français alors que leur niveau dans cette langue est lamentable », déplore un enseignant dans une école à Bujumbura. Pour lui, « il faut qu’il y ait une réflexion sur comment rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard. » 

Il faudrait également penser à équiper les salles de classes. La triste histoire des établissements ayant des sections de Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE) sans ordinateurs relaté dans un article publié sur Yaga est malheureusement loin d’être un cas isolé. On peut se demander le niveau que peut avoir un élève en sciences de la terre qui évolue dans une école sans laboratoires. « Au bout du tunnel, ce sont nos enfants qui sont victimes car au sortir de l’école, ils ont des diplômes mais qu’ont-ils comme compétences pour être employables ? », se désole un parent, désabusé.

À l’ère de la mondialisation, le Burundi doit se dénicher une place dans ce mouvement, au risque de la subir impuissamment. Nul besoin de rappeler que le capital humain est la clef de voûte pour mettre en marche le train vers les succès. Une réussite qui présuppose une prise de conscience de tous ceux qui sont impliqués dans cette aventure nationale, sans se confiner dans une certaine suffisance ou pessimisme.

 

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