Depuis le début de la pandémie du Covid-19, une course effrénée vers la découverte d’un vaccin s’est enclenchée. Qu’en est-il déjà de l’état de la couverture vaccinale au Burundi, ses forces et ses faiblesses ? Voici un récapitulatif qui donne à voir un bon élève, mais qui pourrait faire mieux.
Le Burundi est, avec les pays comme le Rwanda et le Bangladesh, l’un des pays pauvres qui se distinguent par une couverture vaccinale particulièrement élevée. Il faut dire que ce succès ne date pas d’aujourd’hui. Pour le DTC (vaccin contre la diphtérie-tétanos-coqueluche) par exemple, le Burundi a obtenu une couverture vaccinale de 80% en moins de 10 ans après le début du programme élargi de vaccination en 1980. À l’époque, il s’agissait de vaccins contre la diphtérie, la tuberculose, la coqueluche, la rougeole, la poliomyélite et le tétanos. Depuis, il a été introduit de nouveaux vaccins contre l’hépatite virale B et contre le Haemophilus influenzae de type B en 2004, ainsi qu’un vaccin contre les diarrhées dues aux rotavirus et une deuxième dose de vaccin contre la rougeole.
Des chiffres…
Selon l’EDS 2016-2017 (Enquête démographique de santé), 85 % des enfants de 12-23 mois avaient reçu tous les vaccins de base et 72% avaient reçu tous les vaccins pour le groupe d’âge approprié. Le pourcentage de ceux qui n’avaient reçu aucun vaccin ne représente que 0,3% des enfants. La couverture vaccinale pour le DTC, indicateur de première importance, atteint les 90% selon les statistiques de l’Unicef.
La proportion d’enfants de 12 à 23 mois ayant reçu la première dose représente 99% pour le Pentavalent (une combinaison des vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B et l’Haemophilus influenzae type B) idem pour le vaccin contre la poliomyélite. Les chiffres atteignent les 98 % pour le BCG (contre la tuberculose), 94 % pour le vaccin anti rougeoleux et 90 % pour la dose de polio 0 (à la naissance).
Tandis que le mouvement antivax gagne certaines couches de bon nombre de pays dans le monde, l’EDS, la dernière en date au Burundi, est formelle. Les variables sociodémographiques comme le niveau d’instruction ou le quintile du bien-être économique « influencent peu ou pas du tout le niveau de la couverture sanitaire des enfants ». Ce qui témoigne d’une adhérence quasi-constante au vaccin par toutes les composantes du pays. Mieux. Alors que la dernière épidémie de la maladie à virus Ebola dans la RDC voisine a été marquée par une vague de méfiance dans certains coins de l’Est du pays difficile d’accès pour les informations fiables et les professionnels des soins, au Burundi la couverture vaccinale est plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain avec 86% pour le premier et 80 % pour le deuxième.
… et des défis
Le plan d’action mondial pour les vaccins 2011-2020 prévoit une couverture nationale de 90% pour tous les pays. Or pour le Burundi, la couverture n’a pratiquement pas varié depuis environ 10 ans. Les déperditions entre les doses de vaccin constituent un autre défi pour le Burundi. En effet, pour le pneumocoque par exemple, la déperdition est de 4 % avec une couverture qui passe de 98 % à 94%. Pour la poliomyélite, la déperdition arrive à 7 %, de 99% à 92% de couverture.
Mais le plus grand reste surtout auprès de certaines populations dites à risque. C’est notamment le camp pour les réfugiés. Depuis Novembre 2019, le Burundi connait selon l’OMS une « flambée épidémique » de cas de rougeole. Identifiée initialement dans le cas de transit des réfugiés en provenance de RDC de Cishemerere dans le district sanitaire de Cibitoke, la propagation n’a pas tardé à gagner les camps permanents de Nyankanda et Bwagiriza à Butezi (Ruyigi), Kavumu à Cankuzo, Gasorwe à Muyinga ainsi que Murumba à Kiremba. 77% des cas confirmés étaient soit des sujets non vaccinés, soit des sujets qui n’étaient pas sûrs de leur statut vaccinal. Au 27 Avril dernier, l’OMS signalait 857 cas de rougeole au Burundi.