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POLITIQUE

Période électorale : adieu les services publics ?

La campagne électorale pour les élections du 20 mai 2020 bat son plein. Et dans les services publics, c’est « mode silencieux ». Entre lamentations d’un côté et congés suspects de l’autre, ce secteur en pâtit!

Mercredi 6 mai. Je me rends dans l’un des bureaux du Ministère de la Santé Publique pour récupérer un document que j’avais laissé au signataire, il y a de cela 15 jours. En fait, on m’avait dit de revenir après 10 jours. Mais, un ami, qui avait été chercher le même document, m’avait averti du non-respect des 10 jours ces derniers temps. J’y vais donc au 15ème. Arrivé sur place, stupéfaction ! Le document n’est pas encore signé ! 

Tentant de savoir pourquoi, une secrétaire m’explique « qu’il y a eu des difficultés logistiques, pannes de matériels et autres…», et me renvoie dans un autre bureau. Et l’explication que me donne la dame que j’y rencontre, même si elle a le privilège d’être plus ou moins crédible me laisse coi ! « Tu vis sur quelle planète toi ? Tout le monde est occupé par la campagne et n’a pas de temps de venir au bureau signer les documents ! ». C’est clair. Mes papiers attendront. 

Autre ministère, même constat !

Je rentre donc le soir. Quand je raconte ce qui m’est arrivé à mon colocataire, il commence à rire aux éclats. Pareille situation, ou presque, pour lui le matin, cette fois-ci à l’un des bureaux du Ministère de l’enseignement supérieur. Il était allé récupérer lui aussi un document, et il s’est vu sommé d’attendre les autres « pour que la distribution soit facile ! ». 

Quand il a demandé pourquoi il devait attendre les autres, la réponse fut sèche : « Je suis presque seul ici. Je dois faire le boulot et vous distribuer vos documents signés. Je n’ai donc pas le temps de les chercher pour une personne et après 5 minutes y retourner pour une autre et ainsi de suite. Vous devez attendre que vous soyez nombreux comme ça j’irai en une seule fois ! ». Il attendra donc 2 heures, pour un papier qu’il aurait pu avoir en une ou deux minutes. Et surtout à l’heure du coronavirus, où, semble-t-il les rassemblements ne sont pas conseillés. Ce n’est pas le sujet du jour, passons. Mais où sont ceux qui étaient chargés de distribuer ces documents ? « En congé annuel », qui se termine, tenez-vous bien, le 20 mai !

Mais, et le ministère de la fonction publique dans tout ça ?

Pas facile d’avoir une information officielle ces derniers jours, si ce n’est pour les élections peut-être. Un conseiller à ce ministère me dira, sous anonymat : « Il n’y a aucune mesure à ma connaissance pour juguler ce problème de lenteur, si pas d’absence de service public, qui a été prise spécifiquement pour cette période électorale ». Il glissera d’ailleurs, entre nous et à voix basse, « j’en profite d’ailleurs pour régler mes affaires privées, sans avoir à demander permission à quelqu’un qui n’est pas là » !

C’est vrai que les élections sont une période cruciale pour le pays. Elles sont d’ailleurs le fondement de toute démocratie. Mais, le pays ne se limite pas qu’aux élections. Que serait d’ailleurs un pays avec des institutions « démocratiquement élues », mais avec des services publics chancelants ? Il se dit que le plus grand handicap des pays africains est d’avoir acquis une indépendance politique (on organise des élections et on a des dirigeants que nous élisons nous-mêmes, et à nos frais) sans toutefois avoir une indépendance économique. Mais comment allons-nous avoir cette dernière alors que nos services publics, déjà non performants  en « temps normal » deviennent plus que chancelants en période électorale ? 

Il est grand temps, si ce n’est déjà tard, que le Ministère de la fonction publique et/ou celui de la bonne gouvernance prenne  ses responsabilités pour faire fonctionner, comme il se doit, les services publics. Parce que comme on dit, « NTIGIPFAKARA », il doit y avoir la continuité de l’État et de ses services en tout temps. Sinon après les élections, on ne viendra que pour réparer les pots cassés au lieu de s’atteler au développement.

 

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