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Burundi : voici comment le sport pourrait influencer la politique

Chez nous, les activités sportives feraient partie des outils de légitimation du pouvoir issu du peuple, contrairement aux anciens régimes qui comptaient beaucoup plus sur l’armée comme pilier du pouvoir. Analyse.

Dans son article, Du « Mess des officiers » à « Haleluya FC » : politiques du corps, pratique sportive et inflexion de l’héritage nationaliste au Burundi, figurant dans Politique africaine (no 147), le professeur Désiré Manirakiza montre comment les lieux d’affrontements politiques au Burundi ont changé d’un régime à un autre. À l’époque, le jeu politique se déroulait dans des lieux prestigieux de Bujumbura comme le « Mess des officiers », alors qu’actuellement, cela se fait généralement dans le monde rural et dans les espaces sportifs.

Dans les années passées, selon l’auteur, le « Mess des officiers », généralement fréquenté par des cadres supérieurs de l’armée et considéré comme un haut lieu des luttes politiques, était un espace qui incarnait le symbole de la noblesse et la puissance de la classe politique. En conséquence, pour se légitimer, le pouvoir comptait sur le corps militaire au lieu de la masse populaire.

La rupture

L’année 2005. Comme il était fréquenté par des officiers rivaux des anciens rebelles étant au pouvoir dès lors, le « Mess des officiers » cesse illico presto d’être perçu comme un sanctuaire pour les confidences. À cela s’ajoute le président Pierre Nkurunziza, le passionné de football. Dès son retour du maquis, il crée l’équipe d’Haleluya FC (ainsi que l’académie Le Messager) avec laquelle, à l’intérieur du pays, il livrera régulièrement des matchs amicaux contre les équipes locales. Ipso facto, différents dignitaires s’impliquent progressivement dans la création ou la gestion des clubs sportifs généralement basés à l’intérieur du pays tels que Flambeau de l’Est, Aigle noir, Kayanza United, Bumamuru, etc.

Contrairement aux élites des anciens régimes qui se concentraient beaucoup plus à Bujumbura, les hauts cadres du pouvoir de CNDD-FDD, par le biais des travaux de développement communautaire, retournent à la campagne afin de développer leurs localités d’origine avec la population locale dans la construction des infrastructures sportives (des stades), scolaires, sanitaires, etc. Ce rapprochement des élites à la population s’explique par la légitimation du pouvoir issu du peuple, le contact régulier avec l’électorat ainsi que l’encadrement de la paysannerie via la promotion de la politique de proximité.

Le sport et la politique

En principe, la philosophie préconise que la politique ne doit en aucun cas entrer dans le domaine sportif par la simple raison que le stade et l’espace politique semblent constituer deux domaines différents. En plus de cela, le sport doit rester hors de toutes considérations politiques. Néanmoins, le sport peut servir à la politique comme moyen d’influence idéologique ou un outil réconciliateur que les hommes politiques peuvent en profiter.

« Les activités sportives occupent une place cruciale dans une politique d’encadrement de la population en général et la jeunesse en particulier. Toutefois, lesdites activités incarnent différentes significations en fonction des réalités sociopolitiques ou les objectifs que les initiateurs veulent atteindre », précise professeur Élias Sentamba, politologue enseignant à l’Université du Burundi.

À nous d’en profiter alors

Le sport, sans pour autant qu’il soit précisé de quel sport il s’agit, joue incontestablement sur le développement des rapports sociaux et le savoir-vivre voire le nationalisme. Il permet à la population d’une entité donnée de s’unir facilement derrière une équipe ou sélection qui représente les couleurs locales, et ça se manifeste lors d’une victoire. Au fil du temps, l’équipe devient un symbole et la fierté d’un territoire dans lequel elle appartient. Une foule réunie autour d’un événement sportif, c’est une bonne occasion pour une autorité de glisser un mot qui soude la population indépendamment de ses problèmes ou différences. 

Des matchs opposant différentes sélections tant nationales qu’internationales peuvent susciter des enjeux politiques et améliorer les relations diplomatiques. Pour ce faire, j’ai un rêve de voir deux équipes issues des deux rives de la « Kanyaru » croiser le fer dans les stades « Amahoro » ou « Intwari », les hymnes nationaux retentir dans les tribunes un après l’autre, dans le but de renouer les bonnes relations avec nos voisins rwandais.

 

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