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Ils se demandent : « Comment le Burundi d’antan était organisé ? »

Le 28 novembre 1966, cette date vous rappelle sûrement quelque chose. C’est en effet celle de la suppression de la monarchie, un régime qui a fait ses preuves au Burundi pendant plusieurs siècles. Mais alors, que savons-nous de l’organisation socio-politique de cette époque monarchique ? Des jeunes en ont débattu. 

Une question d’abord pour planter le décor. Comment était choisi le roi ? À cette question, Kennedy Ntakirutimana, jeune licencié en Histoire, a une réponse qui ne s’éloigne pas de son  professeur Emile Mworoha. Selon lui, si la première condition était celle d’être né avec des semences, il fallait aussi, pour être choisi roi, être parmi ses derniers enfants. Cette idée, il la partage avec  Vanessa Kaneza, diplômée en science politique. Pour elle, la condition d’être né avec des semences pour un roi est tout simplement un gage de légitimité. Une façon de distinguer le roi de ses frères. 

Blaise Izerimana, étudiant en Socio-anthropologie, balaie du revers de la main cette idée du roi naissant avec des semences. Il n’y va pas par le dos de la cuillère : « Les dépositaires des secrets royaux, ce sont eux qui mettaient les semences dans les mains du futur roi dès sa venue au monde ». 

Naître avec des semences ? En réalité, c’est faux, tranche Emile Mworoha. Mais pour lui, l’important est que cela soit cru surtout que tous les pouvoirs ont toujours tenue secrète cette pratique, une idéologie à même de renforcer le pouvoir. Selon lui, de telles pratiques ne sont pas le propre du Burundi. D’autres monarchies voisines et non voisines avaient leurs secrets servant à légitimer le pouvoir. 

L’intronisation et ses pratiques questionnées

Une fois désigné, après la mort de son père, le futur roi devait être intronisé à Kiganda. Et pour l’occasion, des pratiques pour le moins d’une autre époque, à l’instar de cet homme du clan des Bahirwa qui devait être piétinée par les vaches, faisaient office de cérémonies d’intronisation. En guise de sacrifice ? Pour Ernest Murwaneza, jeune historien, ces pratiques avaient un but : celui d’affirmer les pouvoirs du roi. C’était aussi, ajoute-t-il, dans le but de montrer que le roi détenait le droit de vie et de mort sur ses sujets.

Mais pour Emile Mworoha, une chose est à éviter : l’anachronisme, cette façon d’attribuer à une époque ce qui appartient a une autre. Pour lui, il ne faut pas chercher à comprendre ces pratiques d’intronisation en faisant référence aux considérations actuelles de droits de l’Homme. 

Selon Mworoha, ces pratiques, qui ne sont pas l’apanage de la seule monarchie burundaise, sont à situer dans leurs temps. Des pratiques orchestrées par les conseillers du roi ou les dépositaires des secrets royaux (Abanyamabanga). Ou tout simplement par ses proches collaborateurs.

Justement, qui étaient ces collaborateurs du roi ?

Ou dit autrement, qui aidaient le roi à gouverner le pays ?  « Ce  sont d’abord les principaux clans (Abahanza, Abajiji, Abavumu) qui avaient un rôle de premier plan. Et cela dès l’établissement de la monarchie par Ntare Rushatsi », pense Fidèle Bavumiragiye. 

Comme pour le compléter, Kennedy Ntakirutimana, ajoute le rôle des grands princes, des clans (parmi les principaux), des dépositaires des secrets royaux, des notables, des petits chefs et en fin de simples banshingantahe. Une liste que corrobore Mworoha, avec un petit ajout : le rôle de délégué ou ceux qui aidaient les princes et des devins (Abapfumu). Et à l’exception des princes de sang, d’autres notables étaient choisis parmi les Tutsi et les Hutu issus cependant de « bons clans ». 

Un peu comme pour dire que toutes les composantes de la population trouvaient leurs comptes dans ce Burundi monarchique et précolonial.

 

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