Site icon LE JOURNAL.AFRICA

Ces «ingrédients» qui font peser le risque d’instrumentalisation de la jeunesse burundaise à la veille de 2020

Le chômage et les abandons scolaires ont leur pesant d’or dans les causes qui poussent la jeunesse burundaise à se prêter à la manipulation et instrumentalisation des politiciens. Ces jeunes deviennent  à la fois acteurs et victimes des violences perpétrées lors des périodes pré-électorales et électorales.

C’est un fait. Et il faut le souligner d’emblée: la population burundaise est jeune. REJA et Adisco, dans leur étude sur l’état des lieux de l’emploi des jeunes au Burundi, estime que plus de 60% de la population sont des jeunes. Mais là n’est pas le problème. Car dans la même étude, le chômage chez cette jeunesse burundaise est trois fois plus élevé que chez les personnes âgées de 35 ans et plus. Il est passé de  60% en 2016 à 65% fin 2017. Alarmant.

Parallèlement à cela, il se remarque des abandons scolaires inquiétants . Pour la seule année 2016, ils étaient des centaines des milliers d’élèves à avoir déserté les salles de classe. 204 095 pour être précis. Soit un taux d’abandon de 15,1% alors qu’en 2015, il était de 10,4 %, soit une augmentation d’à peu près 5% en une seule année.

Des  sollicitations politiciennes en vue?

Cette jeunesse constitue une cible potentielle aux possibles sollicitations politiciennes. Car, sans espoir de lendemains meilleurs, sans perspectives d’avenir, des jeunes qui n’ont rien à perdre peuvent se prêter facilement aux manipulations et instrumentalisations en période pré-électorale et électorale surtout.

Une instrumentalisation et manipulation sur lesquelles s’est penchée une étude   sur l’état des lieux de la participation politique des jeunes au Burundi. Selon cette étude, «l’expérience a montré au Burundi que pendant les périodes électorales, il se développe des stratégies politiques qui assez souvent sont dirigées vers les jeunes et entravent sérieusement leur solidarité. Il s’agit de la manipulation et de l’instrumentalisation. En effet, lit-on toujours dans l’étude, pendant la période pré-électorale et électorale, les leaders des partis politiques au pouvoir ou à l’opposition exploitent divers sentiments d’appartenance politique, ethnique, régionale, etc. des jeunes, afin d’entretenir et de consolider leur audience ou d’accéder au pouvoir».

«Un  passé qui ne passe pas»?

Une lecture de la situation partagée par un politologue burundais pour qui le Burundi constitue un cas saisissant d’instrumentalisation des jeunes. Par le passé, explique le politologue, «ces derniers  ont été instrumentalisés par les politiques burundais et des actes ignobles ont été commis. Et souvent, ils sont à la fois acteurs et victimes».

Les mêmes cas d’instrumentalisation et de manipulations s’observent même aujourd’hui, un peu comme si le passé n’a pas servi de leçon : «Des actes de violence continuent de  se commettre ici et là. Le tout ponctué par une situation d’intolérance politique à la veille des élections de 2020», remarque le politologue.

Une situation qui risque de perdurer si rien n’est fait pour redonner l’espoir à la jeunesse burundaise. Avec le contexte actuel d’extrême pauvreté des jeunes,  note le politologue, la situation risque d’aller de mal en pis.

 

Quitter la version mobile