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Buja Sans Tabou, jour 3 : splendeurs et misères des Ngagarien·e·s

Et de trois ! Cette fois-ci cap sur Ngagara. Entre autodérision et optimisme, une jeunesse qui s’affirme sans complexe face aux vicissitudes de l’histoire de leur quartier, le festival Buja Sans Tabou continue à nous faire (re)découvrir Bujumbura.

C’est à se demander combien de fois Molière, Shakespeare et Ntahokaja ont dû se retourner dans leurs tombes. Avant tout, sans tomber dans le diktat de la prononciation et la syntaxe, « Le quartier immatériel » de Laura Sheila Inangoma se veut tout d’abord d’être un miroir fidèle de Ngagara.

Quoi de mieux alors pour une pièce dans laquelle, les gens parlent…comme de gens. Carrément ! Le langage du ligala, un cocktail de Français-Anglais-Kirundi. Le langage d’une mère qui a du mal à border un fils turbulent et celui d’une fille qui se la raconte parce que tous les garçons accourent à elle mangues aux mains pour la charmer. 

Une fierté assumée. Un des anciens qui a animé la session de l’historicité du quartier avant la montée sur les planches des comédiens a tenté de vendre une des rares particularités de Ngagara. Et pas des moindres. La voix posée, il affirmera urbi et orbi que « très peu de quartiers ont eu le privilège d’être inaugurés par un roi. Ngagara peut se targuer d’avoir les royales bénédictions de Mwambutsa ».

Ngagara, des montagnes russes

En chœur, les comédiens ont lâché un puissant « Joyeux soixante-huit ans OCAF ! » pour clore le spectacle. Ces soixante-huit ans ne sont pas une histoire de douce sinécure. Loin de là. Mêlant les petites histoires parfois autant coquines que cocasses à la grande Histoire officielle, c’est une biopsie d’un quartier en somme.

Dans ce quartier où les aubergines seraient plus succulentes que la viande, quelques zones d’ombres. Ce dénominateur commun culinaire et un faible pour une  bouteille le soir ne sont pas suffisants pour faire penser à un quartier à l’unité sans accrocs.

Il faut le dire, il n’y a pas Ngagara mais des Ngagara. Grâce à la machine à remonter le temps de Inangoma, l’on découvre par exemple qu’il y un Ngagara « des frimeurs »,  là où l’on se la joue millionnaire en se permettant des mets exquis pour demander « un petit crédit de boîtes d’allumettes dès les premières dates d’après les vingt du mois ». Il y a Gomorrhe, sacrée Gomorrhe, comme le nom fait penser à un petit coin réputé pour ses petites parties jambes en l’air !

Une petite Jamaïque meurtrie qui a dû tirer essence du vivre ensemble grâce à une idole chérie à Ngagara, Bob Marley. L’infatigable pourfendeur de l’esprit Babylone, si présent à l’époque où des jeunes dits « Sans échec  » ont longtemps été assimilés à Ngagara. Sans angélisme ni provocation, voici le  tableau réaliste dressé par la pièce d’Inangoma de ce quartier aux multiples facettes.

 

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