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Un « lundi méchant », Buja Sans Tabou réinvente Bwiza

Ce  17 février, pour la 4ème édition du festival « Buja Sans Tabou», la première  pièce relatant la naissance de Bujumbura a été présentée à Bwiza, l’un des cinq premiers quartiers de la capitale économique de notre pays à avoir vu le jour. Retour sur une soirée qui a mis en exergue le côté mélange de cultures des origines de Bwiza.

Normalement, au bar 5/5, le lundi est jour de fête pour les connaisseurs, le fameux lundi méchant. Les boissons coulent  à flots et la musique donne aux lieux des airs de bacchanales, dans le sens noble du terme.

Cette soirée du 17 février déroge à la règle. Une bonne soirée pour boire une pièce de théâtre, pour reprendre la formule du journaliste et écrivain Roland Rugero. Mais avant, une belle séance de « mise à jour » sur l’historicité du quartier avec un mzee qui y est né il y a belle lurette. Et on apprend des choses !

Bwiza, comme vous ne l’avez jamais vu

Dans les années 50, kw’i Beleshi- ancien nom de Bwiza- est encore un pré carré de la communauté congolaise. Il y a aussi quelques Grecs qui y ont élu domicile. Les Burundais, eux, restent confinés dans les hauteurs de « Bujumbura rural ». « Ils étaient superstitieux et avaient beaucoup de croyances négatives sur le lac Tanganyika comme quoi c’était l’antre des Ibisizimwe [les ogres ou mauvais esprits, ndlr] », confie l’aîné.

C’est à se demander la raison de cette forte présence de Congolais à Bwiza. Comme partout ailleurs, une logique doit expliquer la présence d’un groupe de personnes dans une région. 

Dans le cas présent, il faut souligner que l’armée de l’époque, incluant les indigènes, est largement composée de Congolais dans les possessions belges, le Congo et le Rwanda-Urundi donc. Les Congolais sont aussi réputés dans la construction et sont de plus en plus sollicités pour œuvrer sur les chantiers de la ville naissante.

Et le métissage fut…

« Kambe », la pièce écrite par Arnold Olol’enyanya et présentée par la compagnie Ouf !, déroule l’histoire de Bwiza. La piste de danse du 5/5 devra accepter ce petit moment d’infidélité. En attendant les danseurs, elle doit accueillir des comédiens.

La mise en scène, signée Linca Lyca Mugisha, se veut des plus réalistes. Un vétérinaire par-là, un tailleur par ici, des enfants qui gambadent dans les rues en taquinant une poule, nous voici téléportés dans Bwiza des années 50.

Comme si cela ne suffisait pas, les comédiens  téléporteront de nouveau le public dans le Congo des années 20, cette fois-ci. Les colonisateurs débarquent et sont accueillis assez froidement. D’un côté les intransigeants qui trouvent ridicule « qu’un Noir devienne évêque », de l’autre, les collaborateurs qui ne trouvent aucun mal à être amis avec les Blancs.

La soutane et l’administration forment alors un tandem soudé. En plus des clercs pour l’Église, il faut de la main d’œuvre pour le chantier qu’est le Ruanda-Urundi. De cette perspective arrivent les premiers Congolais à Bwiza. 

Des clichés à transcender

Les Congolais trouvent les Burundaises trop belles. De leur côté, les Burundais les trouvent trop ambianceurs. Les clichés font rage. « Si tu te maries à une Burundaise, tu seras la honte de tes ancêtres », « Ces Bakongomani, shaaa, tu as perdu la tête ou quoi ? ».

Bravant rejets, ragots et insultes, des couples mixtes se forment petit à petit. Par ces unions, les Burundais se familiarisent avec les Congolais et vice-versa. 

Exit l’image du « Zaïrois » aux goûts culinaires suspects, mangeurs de chiens et de serpents, à fuir. Exit l’image du petit Burundais malicieux, rancunier et imprévisible. Bwiza naquit et le métissage fut. Une fois dans le passé, et une autre fois sur la piste de danse du « Cinq sur cinq ».

 

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