Le monde littéraire burundais a vu éclore une nouvelle pépite par la parution du premier roman de Bernice Muhoranamana. Du haut de ses dix-neuf ans, elle manie aussi bien la plume que le micro, la photo et la mode.
Mi 2018 , Richard Nzishura, professeur de français à l’école internationale de Bujumbura, reçoit un manuscrit d’une de ses élèves de première post fondamentale, section Langues. C’est la deuxième fois. La jeune fille lui avait déjà montré un premier qu’il avait alors jugé « œuvre pas du tout à la hauteur ». Un euphémisme de « ratée », sans doute. Pour cette seconde tentative, le critique privé est charmé par « la maîtrise du langage et le génie avec lequel Bernice a agencé la trame dans son livre ».
Il faut dire que sieur Nzishura n’est pas le plus mal placé pour juger un ouvrage de fiction. En plus d’être prof de Français, il est lui-même romancier. Son dernier opus en date vient d’être publié par une maison d’édition russe. « Je croyais qu’elle avait coupé les ponts avec la littérature », raconte-t-il.
« Loin d’un conte des fées », le roman en gestation dans l’ordinateur de Muhoranamana reçoit les éloges du cercle fermé de la jeune auteure. Elle se sent en confiance et passe à la vitesse supérieure : chercher un éditeur. Au Burundi, cela n’est pas une douce sinécure. On en trouve pas à chaque coin de rue et elle a du batailler pour voir son roman publié, à frais d’auteur. « J’ai dû accepter tout ce que la maison d’édition exigeait. Heureusement pour moi que la famille était là pour le soutien tant moral que financier ».
Romancière mais pas que
Éclectique, c’est le mot qui définirait bien Bernice Muhoranamana. Dans ses préférences littéraires déjà, elle fait figure de flexibilité étonnante. Pour les plus orthodoxes, plus d’un seraient offusqués de cette demoiselle qui clame haut et fort que « passer d’un roman à l’eau de rose à la Danielle Steel à un classique comme Victor Hugo ou bien Shakespeare est tout à fait normal et n’a rien d’iconoclaste».
Mais en plus de manier sa plume, on retrouve la touche-à-tout sur d’autres fronts. Berry Bernice est son nom de scène. Eh oui, elle est aussi une mordue de rap. Celle qui se définit comme grand fan de Nicki Minaj a déjà deux morceaux à son actif et trois collaborations. Pour le récent viral challenge « Ikirikumutima », elle a posé sa touche. « Marier la prose et le flow, cela ne me dérange en rien du moment où ces deux genres m’aident à exprimer ».
L’art justifie les moyens
Loin de l’écriture et des studios d’enregistrement, on la retrouve aussi dans le mannequinat. Pourquoi ? « Parce que la mode, tout comme la littérature et la musique, peuvent être des moyens de s’affirmer », martèle ce melting pot artistique vivant. Un temps sur la scène pour les défilés de mode, elle s’est reconvertie dans la photo, toujours en mode top model.
À l’heure qu’il est, Bernice Muhoranamana travaille sur son deuxième roman. Spoiler ? « Surtout pas, mes lecteurs le sauront quand il sera publié ! ». En attendant, vous pouvez d’ores et déjà vous procurer le premier par commande sur la page facebook Berry Bernice .
Cet article fait partie d’un dossier pensé et rédigé par les blogueurs de Yaga pour mettre en lumière les 25 jeunes burundais qui se sont démarqués pendant l’année 2019, dans différents domaines de la vie sociale.