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Chancelle Bamuhaye : le « webactivisme » au service des enfants

Elle est l’une des trois volontaires primés le 5 décembre dernier lors de la première célébration au Burundi de la journée mondiale des volontaires. La reconnaissance d’un engagement qui marie à merveille studios de radios, réseaux sociaux et une passion à toute épreuve pour la promotion de l’enfance.

Quand on dit qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre d’années, on ne peut que penser à Chancelle. Déjà en 2012, à 16 ans, elle s’engage déjà comme enfant-journaliste avec l’Unicef, avec un rêve :   « Me retrouver un jour au micro des grands médias internationaux en train de plaider pour les droits des enfants burundais ».

En tant qu’enfant journaliste, Chancelle découvre le calvaire que vivent les enfants de la rue, enfants albinos, handicapés, batwa, et se résout à être leur porte-voix. Tout à fait dans son genre selon Céleste, le grand-frère de Chancelle, cadette d’une fratrie de six enfants. Il faut dire que le bien-être des enfants tenait au cœur de Chancelle dès le bas âge. « Toute petite déjà, elle ne pouvait pas manger seule quand il y avait un autre enfant à côté », se souvient celui-ci. Chancelle commence à présenter une émission pour promotion des droits de l’enfant sur toutes les stations sous contrat de l’Unicef. « L’émission s’intitulait Impore iwacu et était coproduite avec le Studio Ijambo, la branche média de Search for Common Ground », explique-t-elle.

La passion au service de l’autre

Déterminée, courageuse, intelligente mais aussi timide selon Kethia, une amie à Chancelle, ses reportages en faveur des enfants du Burundi se démarquent par leur qualité impressionnante. Un reportage sur les enfants qui travaillent dans les mines lui vaut d’ailleurs le prix du meilleur reportage sur des sujets d’enfants de la Radio Bonesha en 2015. En 2016, elle gagne le premier prix dans un concours d’émissions sur les droits des enfants organisé par la Radio Colombe en collaboration avec l’UNICEF. Après 2016, la lauréate de la faculté de communication pour le développement écrit plusieurs articles sur le droit des enfants en tant que blogueuse à Yaga, continue son plaidoyer avec Festicab dans la production de films documentaires, et poursuit actuellement son engagement avec le magazine Jimbere, en tant que stagiaire journalistique.

Faire ce que l’on aime avec ce que l’on a…

Plus tard, être la voix des enfants ne suffit plus. Il faut s’y impliquer davantage sans attendre l’Unicef, le gouvernement ou d’autres organisations. Interpellée par certains enfants qui ne vont pas à l’école par manque du matériel scolaire ou ceux qui tombent malades et ne parviennent pas à se faire soigner par manque de moyens, elle se demande ce qu’il faut faire pour alléger leur fardeau. Il faudra attendre 2016 et la formation « Social media for social change » (les média sociaux pour un changement social,ndlr) pour trouver la réponse. La native de Kayanza, 24 ans aujourd’hui, décide alors d’investir les réseaux sociaux. 

Par le truchement de ces canaux, elle commence à solliciter des fonds pour les enfants vulnérables. La mère de Nyishuyimana Béni à Ngozi témoigne : « Mon enfant souffrait d’une tumeur dans son œil droit, et devait être opéré à l’étranger. Faute de moyens, on ne parvenait pas à payer les soins médicaux y compris les frais de déplacement. C’est là que Chancelle est apparue, lança un appel aux bienfaiteurs et mon enfant a été soigné avec succès ». 

… et réussir !

Succès après succès, Chancelle parvient à surmonter petit à petit le déficit de confiance de la part de donateurs potentiels. Elle collecte jusqu’aujourd’hui des matériels scolaires pour les enfants vulnérables et lève des fonds pour les enfants pauvres souffrant de maladies qui nécessitent beaucoup de fonds. Cela lui vaut  en 2019 le prix de la meilleure volontaire de la part du PNUD lors de la célébration de la journée internationale du volontariat.

Pour 2020, Chancelle compte créer une association pour étendre son action. Aux jeunes burundais, elle les encourage à se lancer dans leur passion sans attendre un coup de main de grandes organisations. « Nous avons un potentiel que nous devons savoir exploiter avec nos moyens de bords », lançait-elle après la réception du prix de la meilleure volontaire. 

Cet article fait partie d’un dossier pensé et rédigé par les blogueurs de Yaga pour mettre en lumière les 25 jeunes burundais qui se sont démarqués pendant l’année 2019, dans différents domaines de la vie sociale.

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