Il y a quelque temps, l’histoire des élèves qui ont déchiré leurs uniformes a défrayé la chronique. Beaucoup de gens se sont exprimés parfois avec virulence pour condamner le comportement de ces élèves. Maintenant que les esprits se sont apaisés, j’aimerais donner mon point de vue sur cela.
Dans les temps anciens, on allait jusqu’à se crever les yeux pour manifester ses sentiments, rapporte l’Ancien Testament. En comparaison, déchirer ses habits pour dire « Ntaconcambariye » en kirundi était un geste très banal. On se condamnait ainsi soi-même en pénitence. Nous voyons souvent des gens porter des pantalons déchiquetés pour suivre la mode. Sommes-nous trop scandalisés ?
Et quand on vient de passer une période très dure, l’esclavage, l’emprisonnement, le travail forcé…, on déchire et jette les anciens uniformes et tout ce qui pourrait rappeler la vie d’avant. Peut-on condamner ces gens qui veulent couper définitivement avec le passé qu’ils n’ont pas particulièrement aimé ? C’est le cas de certains élèves qui terminent un cycle après avoir éprouvé beaucoup de difficultés comme : paiement minerval, achat uniformes, échecs répétitifs, remarques désobligeantes des éducateurs, etc. La condition d’élève n’est pas toujours reluisante !
Le geste de ces élèves est-il absolument condamnable ?
Socialement, oui. Ces élèves ont déchiré publiquement les habits qu’ils portaient. Les gens qui les voient dans cette tenue débraillée sont scandalisés. Et un enfant bien éduqué ne porte pas en public ou en privé des habits déchirés.
Mais pas à mort. La période était une circonstance atténuante : un moment de défoulement que tout élève/étudiant traverse. Ceux qui ne déchirent pas leurs habits se soûlent la gueule avec les inconvénients qu’on s’imagine.
Quid du traitement du dossier ?
Normalement, c’est le chef de quartier, la police et la direction de l’école qui auraient dû intervenir. Mais ce sont les réseaux sociaux qui ont diffusé les images. On a ensuite assisté à des débats radiotélévisés des plus hautes sphères du pays qui condamnaient catégoriquement ces élèves.
« Umukuru kizira kumutuka ntikizira kumukebura » : il est interdit de dire du mal du chef, mais il n’est pas interdit de lui faire un clin d’œil. C’est vrai que qui peut le plus peut aussi le moins. Traité en première instance à ce niveau-là, les niveaux inférieurs n’avaient plus rien à dire et devaient exécuter les ordres. Ainsi, les responsables de l’école en Conseil de discipline n’ont jamais eu leur mot à dire, en tout cas pas publiquement. Il y a eu donc erreur de procédure. Et cela pourrait constituer un mauvais antécédent et faire jurisprudence désormais.
Nous aimerions connaître la suite réservée au dossier. Mais la sanction ne devrait pas concerner leur diplôme s’ils ont réussi.