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Analyse

Que faut-il savoir de l’exploitation du tambour burundais ?

Les célèbres tambours du Burundi sont inscrits depuis novembre 2014 sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Existe-t-il une loi protégeant ce patrimoine ? Si oui, y a-t-il des sanctions prévues en cas de violation de cette dernière ? Qui sont autorisés à battre le tambour ?  Qu’est-ce que le Burundi en tire ?

L’exploitation du tambour burundais est régie par le décret présidentiel du 20 octobre 2017. Celui-ci prévoit les différentes conditions pour son exploitation à la fois au Burundi et à l’étranger. 

L’article 5 stipule que toute exhibition d’une troupe de tambourinaires en dehors des cérémonies officielles requiert l’autorisation du ministre ayant la Culture dans ses attributions. 

La demande doit être introduite par l’organisateur au moins deux semaines avant la date des cérémonies, en précisant le lieu, la date et la durée du spectacle, lit-on à l’article 6 de ce décret. 

Si l’exploitation se limite au niveau national, l’organisateur verse au trésor public une redevance d’un montant de 500 000 Fbu par exhibition. À l’article 10, les tambourinaires sont tenus de respecter la tradition dans la présentation. Le décret fait état de la création d’une commission technique notamment à cet effet. 

Un art pour renflouer le Trésor public

Au cas où il s’agit de l’exploitation au niveau international, il faut d’abord noter que toute sortie d’une troupe de tambourinaires à l’étranger requiert l’autorisation préalable du ministre ayant la Culture dans ses attributions. 

Le promoteur supporte lui-même les frais relatifs au déplacement international, au séjour et au cachet des articles. L’article 17 souligne qu’il verse également au trésor public une redevance de 500 000 Fbu par jour à compter du lendemain de la troupe à l’extérieur du pays jusqu’à la veille du départ du dernier territoire étranger visité. 

Quant aux groupes évoluant à l’extérieur du pays, l’article 12 les contraint de se faire enregistrer auprès des ambassades ou représentations diplomatiques du Burundi sur place en vue de leur encadrement culturel. 

Lorsqu’un groupe évoluant à l’étranger commande des tambours, il faut un sous-couvert de la représentation diplomatique dans laquelle évolue l’équipe et l’article 19 du même décret précise qu’il est conditionné par un versement de 500 000 Fbu par tambour au trésor public. 

Quid des sanctions ? 

Tous les autres groupes de tambourinaires évoluant à l’extérieur du pays, et qui ne tombent pas sous le coup des articles 17 et 19 ci-haut cités, ils doivent verser au trésor public une redevance équivalente de 2 000 dollars américains par exhibition. 

S’il y a violation des dits articles, l’article 21 fixe que le promoteur ou le groupe de tambourinaires qui exhibe le tambour sans l’autorisation est punie d’une suspension de présenter le tambour pendant 6 mois et d’une amende de 1 000 000 de Fbu. 

En cas de l’exploitation inappropriée, le taux de pénalité est de 50% des droits fixés dans le contrat, « étant entendu que ce pourcentage s’ajoute au paiement des droits dus ». Et s’il y a récidive, le décret présidentiel porte le taux au double. 

Le décret muet sur les couleurs de la tenue 

L’article 3 interdit strictement aux personnes de sexe féminin de battre le tambour. Néanmoins, elles peuvent accompagner le jeu du tambour en exécutant des danses folkloriques féminines.

Il n’est pas superflu de mentionner que le décret est muet par rapport au fait que des étrangers ou des Burundais sous le statut de réfugiés puissent battre le tambour ou non. En plus, rien n’est dit au sujet des couleurs de la tenue exigée. 

Un clin d’œil au législateur de se pencher sur cette lacune en vue de lever toute équivoque. Par exemple, on ne perd pas sa passion pour la culture de son pays parce qu’on est sous le statut de réfugié. 

Qu’en tire le Burundi ? 

Selon le professeur Emile Mworoha, historien et ancien ministre de la Culture, le Burundi tire de l’inscription de son tambour sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco particulièrement de la reconnaissance par le monde entier d’un art typiquement burundais. 

« C’est une publicité du pays à travers son art spécifique. Le Burundi en gagne la réputation, il gagne à ce que sa culture ne soit pas connue seulement au Burundi mais aussi au niveau mondial », assure l’historien à la retraite. 

Étant un art reconnu mondialement, poursuit-il, l’Unesco peut aider à entretenir et à préserver ce tambour pour qu’il soit bien traité. 

Le professeur Mworoha parle aussi de la possibilité de la mise en valeur du tambour via des festivals en vue d’en tirer des intérêts matériels. Il évoque la création d’un festival mondial du tambour : « Tous les types de tambours du monde entier se donneraient rendez-vous au Burundi, à Gitega, et le pays en gagnerait matériellement ».

À part le prestige dont le Burundi jouit aujourd’hui suite à l’inscription de son tambour sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco, il ne pourrait pas en tirer d’autres avantages si le pays ne concoctait pas une bonne politique culturelle. 

Cette dernière devrait promouvoir l’organisation des événements culturels au Burundi et à l’étranger autour du tambour en vue de redorer l’image du pays d’une part et d’attirer des touristes d’autre part. 

L’estime du tambour burundais dépasse les frontières nationales.   

 

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