Selon les dernières estimations de la Banque mondiale, le taux de la pauvreté au Burundi est passé de 67% en 2006 à environ 74,7% en 2018. Malgré la politique de lutte contre la pauvreté, les chiffres ne cessent d’aller crescendo. Pourquoi ? Analyse.
Dans le rapport du PNUD, une personne vit dans la pauvreté si elle ne dispose pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins essentiels. En effet, au Burundi le revenu annuel d’un Burundais se situe à 280 USD, soit 0,8 USD/jour. Une tragédie absolue.
D’après une étude, la politique budgétaire serait un puissant outil de la réduction de la pauvreté si elle est correctement formulée et mise en œuvre. Cependant, dans le cas contraire, un danger à la stabilité macroéconomique. Pour preuve (et c’est un exemple), en 2003, les chefs d’État africains avaient lancé un programme détaillé de développement qui visait à réduire la pauvreté grâce à l’affectation de 10% de leur budget national au secteur agricole.
Malheureusement, le Burundi a comme fait la sourde oreille pendant de longues années. Les chiffres en témoignent. En 2008, le budget national pour l’agriculture était inférieur à 2 %. En 2009, il était de 2,4 %. Il sera rehaussé à 3,7 % en 2010 puis à 7 % en 2011. En 2019, l’agriculture a été attribuée un montant de 141 milliards BIF environ 9 % du budget. D’après la déclaration de Maputo, ce montant devrait être 150 milliards BIF, soit toujours un déficit budgétaire d’environ 9 milliards BIF.
Et pourtant…
Selon le rapport de la Banque mondiale, la croissance de l’agriculture est particulièrement efficace pour lutter contre la pauvreté. Les estimations économétriques transversales montrent que la croissance globale du PIB due à l’agriculture est en moyenne deux fois plus efficace. Au Burundi, selon le Plan National de Développement PND 2018-2027, elle contribue à une hauteur de 39,6 % au PIB, 95% de devise et offre 84% d’emplois. Elle fournit 95% de l’offre alimentaire et est le principal pourvoyeur de matières premières à l’agro-industrie.
Bon nombre de pays dans lesquels les taux de croissance de l’agriculture ont été relativement élevés ont connu une réduction importante de la pauvreté. En Chine, elle est passée de 53% en 1981 à 8% en 2001. Un bel exemple que le Burundi devrait suivre.
Des efforts minés
Le gouvernement a mis en place des stratégies et programmes pour développer ce secteur. Il s’agit du Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA), Plan National d’Investissement Agricole (PNIA), et aux Stratégies Agricoles Nationales (SAN). Mais, force est de constater que les résultats se font attendre. L’agriculture reste de subsistance avec de faibles productions aux conséquences désastreuses.
Une des grandes raisons : l’insuffisance des moyens. Ce sont ces derniers qui devaient permettre de mener de recherches et de vulgariser les résultats à travers le pays. Mais malheureusement, la recherche serait l’enfant le plus honni au Burundi. En conséquence, l’agriculture reste rudimentaire. Il est compréhensible que la production agricole soit insuffisante.
Défi à relever
C’est une réalité, le secteur agricole contribue pour lutte contre la pauvreté. Pour développer ce secteur, le pays devrait miser sur la modernisation de l’agriculture. En conséquence, il doit apprêter des moyens à même de conduire à l’amélioration des conditions de vie de la population dans l’ensemble.
Il faut alors revoir le budget attribué au ministère en charge de l’agriculture, car aussi longtemps que des moyens conséquents et des politiques adéquates ne seront pas consacrés à l’agriculture, le développement du Burundi restera une utopie.