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Le lac Tanganyika : rites, histoires et légendes

Le lac Tanganyika, ou Tanganika est un joyau régional. Premier lac plus long d’eau douce (677km) et probablement plus poissonneux, il est le deuxième le plus profond au monde. Sa superficie avoisine celle de la Belgique (32 900km2). Ce trésor géant renferme tout de même des secrets méconnus.

Le nom du lac, Étanga ‘ya ni’a en kibembe, signifie « lieu de mélange ». Les premiers Occidentaux à l’avoir connu sont des Portugais, puis il a été retrouvé pour la première fois en 1858 par R. Burton et John Speke, il sera exploré en novembre 1871 par D. Livingstone et H.M Stanley. Une grande plaque de métal matérialisant le passage de ces explorateurs sur les rives du lac Tanganyika est à Nyanza lac. 

« Le lac est un accident géologique. Il y a des milliers d’années, les monts Mitumba (RDC) et Nyamutenderi (Burundi) subissaient un effondrement dit graben valley. Il formera progressivement des escaliers (de Kiriri à Kabondo en passant par Rohero) jusqu’au lit actuel. Et le processus continue », écrit professeur Sylvestre Ndayirukiye. 

Albert Mbonerane, ancien ministre de l’environnement, donne les paliers. En 1878, le Lukubwa se boucha et les eaux du Lac débordant toute la plaine. Le mouvement reprendra en 1938. En 1963-1964, le lac atteindra la route Chanic-Gatumba, l’avenue du Large et la route Rumonge. Avec un financement de Bruxelles, une conférence régionale se tint du 21 au 22 avril 1964 pour gérer la situation, explique le patron de l’Action Ceinture Verte. Le processus de création d’une approche coopérative et de collaboration pour le développement et la gestion durable des ressources du lac et son bassin par les pays riverains a commencé au début des années 1990.

Modestement prospectées, des ressources en hydrocarbures énormes (pétrole, gaz, méthane, etc.) seraient potentiellement renfermées dans ce trésor régional. Néanmoins, leur exploitation reste problématique faute de ressources humaines et matérielles adéquates. La pêche et l’eau du lac Tanganyika restent une source de revenus et d’approvisionnement pour plus de 12 millions de personnes. La production en poissons est fluctuante et la pêche reste principalement artisanale. 

Ne pêche pas qui veut ! 

« Autour du métier de pêche dans ce lac, se greffent des pratiques obscures. Pour y être accepté, des rites d’initiation couplée avec des sacrifices humains auraient été même orchestrés », confie Gérard Nyandwi, capitaine d’un bateau de pêche à Nyanza Lac. Il ajoute : « Un nouveau bateau, comme un nouveau pêcheur, est admis dans le lac après un rite d’ablution. Le propriétaire consent à donner un de ses enfants plus aimé, ou encore, il s’arrange pour trouver un enfant unique (ikinege) pour sacrifice. » Des propos que d’autres pêcheurs infirment. Pour eux, ces pratiques sont d’un autre âge et auraient été populaires de l’autre côté de la rive, en Tanzanie.

Le lac Tanganyika est aussi un cimetière qui ne dit pas son nom.  À son actif, le lac a déjà avalé des milliers de morts, soit par accidents (crashs d’avions, des voitures) ou le célèbre Gustave. On note aussi et surtout (même actuellement) des cadavres charriés par des rivières vers le lac. 

Sinon, le Burundi suivi de la RDC sont les premiers grands pollueurs du lac Tanganyika. Partageant les eaux du lac à proportion inégale, 8% pour le Burundi et 45% pour la RDC, la population de Bujumbura serait une menace sérieuse. La Tanzanie (41%) et la Zambie (6%) seraient plus disciplinées. C’est également dans ces deux premiers pays que des méthodes de pêche prohibées et nuisibles à sa biodiversité sont courantes (des stupéfiants : poison des plantes ou chimiques et par des explosifs : des grenades de pêche). Ces actes sont seraient orchestrés par des Burundais et Congolais surtout. Étant la destination finale des déchets résultant de l’activité humaine, le lac a été classé le plus menacé au monde en 2017 : avec les facteurs de surpêche, sédimentation, jacinthe d’eau, déchets toxiques non traités et déversés par les usines et les foyers, etc.). Ceci rend l’eau impropre et contaminant pour les riverains qui l’utilisent sans traitement préalable, regrette l’ambassadeur Albert Mbonerane.

« Uwambaye ikirezi … »

Depuis 2005 chaque 22 juillet, le Burundi célèbre ce joyau régional et dont plusieurs établissements et infrastructures portent fièrement son nom. Grâce à la bravoure de Mbonerane depuis 2004, une police de l’environnement fonctionne. Il a réussi aussi, non sans peine, à rapatrier en 2007 l’autorité du lac Tanganyika, institution trans-étatique, gestionnaire permanent du lac afin d’infléchir la pollution dont le Burundi serait le premier responsable. 

Uwambaye ikirezi ntamenya ko cera, disaient nos ancêtres, le lac est un trésor inestimable mais englouti. La situation actuelle est inquiétante. Que les services habilités s’y attellent pour prémunir de toute menace des eaux du lac et sa biodiversité. Des lois sans actions sont futiles. L’urgence serait de sauvegarder au moins les 150m requis pour sa protection. Manifestement, cet espace a été malheureusement envahi par des activités humaines destructrices qui menacent cette manne. Au vu de tout le monde.

 

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