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POLITIQUE

Le Burundi profite-t-il de l’EAC au même titre que les autres États membres ?

Douze ans après l’intégration du Burundi dans l’EAC (Juillet 2007 – juillet 2019), les Burundais en tirent-ils des avantages ? Un politique, un spécialiste des relations internationales, un universitaire économiste et un activiste de la société civile donnent leurs avis.     

« Le seul avantage que le Burundi a pu tirer de la Communauté Est-africaine est le passeport de l’EAC», soutient Léonce Ngendakumana, vice-président du parti Sahwanya Frodebu. 

Entre autres explications, dit-il, le Burundi est politiquement, diplomatiquement et économiquement le plus fragile de tous les pays membres de l’EAC. Il affirme qu’il a déjà raté la présidence de cette communauté, celle de l’East African Legislative Assembly (EALA) et le secrétariat général. 

Douze ans après, le Burundi n’a pas encore assuré la présidence de la communauté ni celle de l’Assemblée législative. Il vient d’ailleurs d’être débouté dans un procès au sujet de l’élection du Rwandais Martin Ngoga à ce poste. 

Pour ce qui est du secrétariat, même s’il est aujourd’hui sous le contrôle d’un Burundais, Libérat Mfumukeko, « lorsque l’actuel ministre rwandais des relations extérieures, M. Sezibera est devenu secrétaire général, c’était le tour du Burundi ».  

Léonce Ngendakumana ajoute que le Burundi a perdu beaucoup de procès importants. Il mentionne celui en rapport avec l’élection de l’actuel président de l’EALA et celui intenté contre le Rwanda : « Ce dernier a été classé sans suite pour faits non établis, par manque d’éléments ». 

Balance commerciale très déficitaire 

Pour l’ambassadeur Cyprien Mbonimpa, le Burundi tire beaucoup d’avantages de l’EAC surtout en matière d’infrastructures de transports : « Il y a beaucoup de routes d’intérêt régional qui ont été construites et aussi des barrages qui ont reçu des financements grâce à l’appartenance du Burundi à l’EAC ». 

Cet ancien ministre des Relations extérieures (1987-1992) parle aussi des réformes économiques opérées suite à l’adhésion du Burundi à l’EAC. Cependant, il estime aussi que le Burundi profite moins de l’EAC. C’est parce qu’il n’a pas beaucoup de produits à exporter dans la région.

Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, évoque plusieurs avantages. Les hommes d’affaires n’ont plus de difficultés de rapatrier leurs marchandises : « Avant l’intégration, au port de Mombassa au Kenya, ils pouvaient y passer trois semaines suite aux difficultés d’accéder aux documents administratifs ».

Des banques de certains pays membres de la communauté ont été aussi délocalisées au Burundi. CRDB et KCB en provenance respectivement de la Tanzanie et du Kenya. Elles donnent du travail aux Burundais et contribuent à la croissance de l’économie via les impôts, etc. 

Pouvoir d’achat faible 

Cet activiste de la société civile fait savoir tout de même que le Burundi n’en tire pas tous les avantages qui devaient lui revenir : « Nous n’avons pas de biens pour l’exportation dans la communauté et en plus, il existe des questions d’ordre politique ». 

D’après Prosper Niyoboke, économiste et enseignant à l’Université du Lac Tanganyika, les intérêts des Burundais au sein de l’EAC se résument par les facilités dans la circulation et l’achat des biens dans les pays membres à des prix abordables suite à la diminution des procédures administratives.  

Cet universitaire argue la faiblesse du pouvoir d’achat des Burundais d’une part et le manque des produits d’exportation d’autre part : « On n’a rien changé, les Burundais pratiquons toujours l’agriculture de subsistance qui n’est pas orienté vers le marché. ». 

En plus, M. Niyoboke voit à travers le français un obstacle : « Tous les autres pays négociant les marchés en anglais, la capacité de négociabilité des Burundais francophones est réduite sur le marché »

Gitega devrait identifier tous les atouts que les Burundais peuvent tirer de l’EAC en plus des facilités de circulation. À titre d’illustration, le sucre et le café burundais étant de bonne qualité, mais pas pour autant concurrentiel en termes de volume, le gouvernement devrait mettre sur pied un service marketing très actif dans la région en vue de privilégier la fixation des prix de ces produits sur base de la qualité. 

 

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