Au Burundi, la défense nationale remonterait aux temps très anciens. Aux tentatives d’invasions d’origines diverses, tous les citoyens habiles avaient le devoir de se convertir en guerriers pour défendre l’Ingoma y’uburundi (le royaume du Burundi). Les restructurations actuelles sont l’apanage d’un lent et long processus. Éclairage.
Chaque roi entretenait son armée globalement appelée Intore z’umwami. Abatêzi ba Ntare, Abadasigana ba Mwezi, Amasuka ya Mwambutsa et Abaribukire ba Mutaga en sont l’exemple. Certains princes sur les chefferies frontalières en avaient aussi. L’entretien de ces armées avait l’unique objectif de dissuader une probable agression interne et surtout externe, éclaire Pr Mworoha, historien. Nos guerriers ( basirikare venant de Askari, mot swahili signifiant militaire) ont résisté contre des esclavagistes arabes au 19ème siècle tout comme le roi Mwezi Gisabo à la colonisation allemande grâce à la bravoure de ses badasigana.
La capitulation de Kiganda de juin 1904 a fragilisé la défense nationale, poursuit E. Mworoha. La sécurité du pays aurait été assurée, quelques années après, par près de 200 agents congolais sous la supervision de sous et officiers belges. Le Congo belge devenu indépendant en juin 1960, les troupes belges furent envoyées au Burundi pour remédier au départ précipité des unités congolaises. 175 soldats burundais furent recrutés et formés à la hâte par la Belgique dans les localités de Lukandu et Kongolo à l’est du Congo, témoigne le sous-lieutenant Nicodème Kamurari de la première cohorte des recrues. Ainsi, Michel Micombero, Charles Karorero et Jérôme Ntungumburanye furent les tous premiers officiers burundais formés en Belgique avant l’indépendance.
Restructuration
La création de la Garde Territoriale en septembre 1959 est considérée comme l’embryon de l’Armée Nationale actuelle, pense V. B., général à la retraite. À notre indépendance, la sécurité du Burundi fut confiée à deux unités : la sécurité intérieure revient à la Gendarmerie et l’armée nationale s’occupera de la sécurité des frontières. Le secrétariat d’État à la Défense (équivalent de ministère) fut créé en juillet 1962, avec un civil, Zénon Nicayenzi à sa tête. Après celui-ci, ce poste sera successivement cumulé par les présidents de la République, du Lieutenant Général Michel Micombero au Major Pierre Buyoya I en passant par Colonel Jean Baptiste Bagaza.
Le premier chef d’État-major de l’armée burundaise était un Belge dénommé Verwhein. Major Albert Shibura lui succédera pour une année (66-67) et le Lieutenant Général Thomas Ndabemeye pour une décennie, etc.
De novembre 1966 au 31 décembre 2004, l’armée burundaise s’appelait « Forces armées burundaises (FAB) ». Les FDN (Force de défense nationale) sont la fusion en octobre 2003 des ex-forces armées burundaises (ex-FAB), à majorité tutsi et les ex-partis et mouvements politiques armés (ex-PMPA), anciens combattants d’obédience hutue. FDN aurait cédé la place à FDNB (Force de défense nationale du Burundi) en février 2017.
Au gré de la politique
Jusqu’en 1973, l’armée burundaise est composée de tutsis comme de hutus. Avec la crise de 1972, dont les prémices sont imputées à des officiers hutus, une épuration de ces derniers s’en suit, débouchant une sorte d’armée mono-ethnique en perpétuel conflit avec les mouvements armés d’opposition. La cohésion plutôt l’intégration entre les deux frères ennemis fin 2003 est le produit d’un compromis politico-militaire d’août 2000 à Arusha.
L’école des officiers créée en 1960 est l’ancêtre de l’ISCAM (Institut Supérieur des Cadres Militaires), se rappelle Colonel Nshimirimana de la 12ème cohorte. Cet institut, pépinière de la hiérarchie militaire débutera à la 11ème promotion en 1975. Il est à sa 48ème actuellement et a deux facultés : sciences fondamentales, sciences économiques et administratives. D’autres « iscamiens » s’orientent uniquement à l’UB, à l’ULBU ou INSP. La première fille à l’avoir intégré en 1993 est aujourd’hui une officière supérieure dans la police. La FDNB compte dans ses rangs plus de 80 femmes officiers dont plus d’une dizaine d’officiers supérieurs.
Le grade de général, toujours du ressort de l’appréciation du commandant en Chef de l’armée, serait différemment utilisé au gré des régimes. Micombero fut le tout premier général de l’histoire du Burundi. Il commissionnera Thomas Ndabemeye. Le régime Bagaza tout comme celui de Buyoya I ne connaîtra aucun Général. « Bagaza était très avare en grades », soutient l’historien Mworoha. Le grade réapparaît sous Buyoya II où 8 généraux seront nommés. Domitien Ndayizeye hissera deux officiers. De 2005, le nombre de généraux oscillerait autour d’une centaine et pour la première fois le grade de Général est apparu dans la police.
Depuis décembre 2007, des troupes burundaises sont déployées dans le cadre de la plus grande mission de maintien de la paix en Afrique : l’Amisom. En décembre 2018, 5 400 militaires burundais sont déployés en Somalie, soit le deuxième plus gros contingent des 21 500 soldats de l’Amisom, derrière l’Ouganda (6 200 hommes). Depuis, l’Union africaine a demandé le rapatriement de 1000 militaires. En mars 2019, 400 avaient déjà été rapatriés.