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#BdiEmploi : «Entreprenez, créez votre emploi», des mots pour couvrir les maux

Tout le monde s’est passé le mot. Au fil des années, la parade, plusieurs fois répétée, est devenue tellement rodée qu’il paraîtrait même saugrenue de la remettre en question. Et pourtant!

Dans des pays où le taux de chômage n’atteint pas les 10%, la question de l’emploi est la bête noire des hommes politiques. Rares sont les «ministrables» qui voudraient hériter du portefeuille très ingrat de l’emploi. Curieusement, de par son discours (les quelques fois où le sujet est abordé), la classe politique burundaise dans son ensemble et les autorités en particulier ne donnent pas l’impression qu’il y a urgence. Ou si urgence il y a, c’est aux jeunes de se reprendre en main et de devenir leurs propres patrons. Ce qu’il doit faire bon être un responsable politique au Burundi.

Nous sommes l’un des rares pays où le discours politique impute le mauvais chiffres de l’emploi à une partie de l’électorat (la jeunesse en l’occurrence). Et pour cause! La marge de manœuvre du citoyen lambda pour demander des comptes aux responsables politiques est très réduite entre une échéance électorale et une autre. Exception faite des émissions des porte-paroles des institutions (qui, soit dit en passant, sont souvent marquées par plus de promesses et/ou de recommandations que d’évidences chiffrées), les déplacements en provinces des hautes autorités sont plus marqués par les discours dont celles-ci sont porteuses à l’intention de la population locale. Rarement l’inverse.

Flou

C’est entre autres dans la quête d’une responsabilisation des décideurs politiques que les médias trouvent toute leur place. Aussi préoccupante que puisse être la situation de la liberté de la presse au Burundi, la problématique de l’emploi ne paraît pas être une patate chaude de prime abord. Le professionnel des médias qui l’aborde s’attend donc à une pleine coopération des services publics compétents en la matière. C’est alors que l’on découvre une autre réalité affligeante : parfois les habituels détenteurs de l’information ne détiennent pas d’information du tout. Il est possible de faire le tour de plusieurs services publics sans qu’aucun parmi les hauts cadres rencontrés ne soit en mesure de donner des chiffres probants sur un secteur vital comme celui de l’emploi.

Faute de chiffres, le journaliste informe partiellement, le blogueur avance son argumentaire à tâtons. Faute de cadres compétents, l’appareil étatique navigue à vue. En mal d’information, le public détermine mal ses priorités ou se retrouve dépourvu d’outils pour évaluer l’action gouvernementale malgré les résultats peu reluisants qui suivent immanquablement. À la veille des échéances électorales, des centaines de jeunes chômeurs battent alors le pavé, en soutien à des formations politiques dont ils ignorent tout de la politique de l’emploi.

Problèmes de fond

Il faut également dire qu’il y a un problème de casting dans le scénario qui présente l’entrepreneuriat comme le secteur qui va endiguer le problème de chômage des jeunes. L’un des paris au moment de l’introduction de l’école fondamentale au Burundi aura été que même les élèves ayant échoué au test national de la neuvième année pourront embrasser l’enseignement des métiers et que grâce notamment au cours d’entrepreneuriat, ils en sortiraient fin prêts pour lancer leurs affaires. Difficile de croire que les lauréats de notre système éducatif bénéficient aujourd’hui de connaissances sur des notions aussi fondamentales dans le business tels l’élaboration et l’évaluation de projets, le plan d’affaires, ou encore le fundraising.

À ce problème de compétences s’ajoute un autre, bien plus corsé celui-là : les opportunités de financement. Nul besoin d’expliquer toutes les peines que rencontrent les jeunes afin de faire financer leurs projets par le monde de la banque. Même parmi les «friends and family» souvent présentés comme les premiers éventuels investisseurs à solliciter pour une affaire naissante, nombreux sont ceux qui préfèrent investir dans des secteurs moins risqués comme l’immobilier. Le Burundi, en dernière position parmi les pays de la sous-région, doit mettre en place les conditions pour attirer plus de capitaux étrangers. Et ce n’est pas aux jeunes chômeurs qu’incombe une telle tâche.

L’entrepreneuriat des jeunes doit être soutenu, et ses success stories racontées. Mais il n’est sûrement pas la solution-miracle au chômage endémique des jeunes Burundais. La solution demeure sûrement quelque part au carrefour de politiques claires de l’emploi, d’une éducation orientée vers les besoins du marché du travail, d’un contexte politico-sécuritaire apaisé et d’un environnement des affaires où la propriété privée est à l’abri de toute forme d’extorsion. Et le tout entretenu sur la durée.

 


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