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Faire un enfant « seule » au Burundi: un dilemme cornélien

Dans la culture burundaise, il faut être marié pour avoir un enfant. Sauf que de nos jours, avec le chômage auquel les jeunes doivent faire face, il devient de plus en plus difficile de fonder un foyer. Et plus on avance en âge, plus l’étau se resserre, surtout pour les filles. Aujourd’hui, quelques jeunes femmes burundaises dans la trentaine choisissent de concevoir un enfant sans être mariées.

N’ayant toujours pas trouvé l’homme de sa vie à 35 ans, Déborah a décidé de faire un bébé sans être en couple : «J’ai toujours rêvé de devenir mère. Dans mes prévisions, je me voyais déjà mariée avec au moins un enfant à 30 ans. J’ai été en couple pendant des années. Je me voyais faire ma vie avec cet homme sauf que les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Nous nous sommes séparés justement à mes 30 ans. 31 ans, 32… Le cauchemar. Toujours pas de conjoint. Je ne pouvais pas supporter l’idée de vieillir sans enfant. À l’aube de mes 35 ans, je me suis décidée. C’était maintenant ou jamais. J’ai donc décidé de concevoir un enfant avec une de mes connaissances».

Même chose pour Nathalie, 37 ans. Cadre dans une société privée burundaise, elle affirme avoir eu du mal à trouver un compagnon sérieux. «La plupart des hommes ne s’intéressent à moi que parce que j’ai une bonne situation financière. Il était hors de question pour moi que je me marie à un homme qui ne s’intéresse qu’à mon argent et plus encore de faire une croix sur mon désir de maternité. J’ai beaucoup d’amies occidentales qui ont des enfants sans être mariées. Pourquoi pas moi?». L’horloge biologique tournant, Nathalie s’est alors jetée à l’eau. Elle a conclu un accord avec un ami à elle, un divorcé : il lui fait un enfant et s’il veut en assumer la paternité, il pourra, sinon elle ne lui demandera jamais rien.

Des enfants avant tout désirés…

Déborah et Nathalie sont d’accord sur une chose. Elles ont pris une décision difficile surtout incompréhensible, voire impensable, pour la plupart des gens. Elles ont pris un risque énorme qu’elles assument malgré tout.« Au début, ma famille était choquée. Ma mère ne m’a pas adressé la parole pendant un mois. Je venais de jeter le déshonneur sur la famille. Mais curieusement, mon père était plus souple par rapport à ma décision. Finalement tout est rentré dans l’ordre et cet enfant est le plus choyé de toute la famille», relate Déborah.     

Nathalie quant à elle a eu plus de mal à faire face aux regards des autres, surtout de ses collègues. «Je me suis faite traiter de tous les noms à mon travail.  Déjà qu’être célibataire à 37 ans, c’est mal vu, tomber enceinte dans ces conditions, c’est le comble. Même ceux qui comprenaient ma décision n’osaient pas m’en parler ouvertement».

Ressentent-elles de la culpabilité vis-à-vis de leurs enfants? Avec quels mots leur expliqueront-elles ce choix? Les questions sont pléthores, mais les deux jeunes femmes sont unanimes : ils ont le droit de tout savoir et surtout le plus important à retenir, c’est que ce sont avant tout des enfants désirés.

 

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