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SOCIETE

L’achat de préservatifs : une affaire d’hommes seulement ?

La question mérite d’être posée quand on sait que lors d’une grossesse non désirée, c’est la femme qui est sous le feu des projecteurs.

Lors d’une sortie entre copines, me voici avec Pamela, Divine et Nadia, trois jeunes femmes proches de la trentaine. Les deux premières sont en couple tandis que la dernière vient de se séparer de son dernier petit copain en date. La conversation va bon train autour des mecs, des relations amoureuses, etc., quand soudain l’une d’entre elles, Divine lance à la ronde : «Cap ou pas cap d’aller acheter des préservatifs à la pharmacie?». Étonnées, nous nous regardons avant d’éclater de rire, un peu gênées. «Moi je l’ai fait la semaine dernière », enchaîne-t-elle, toute fière. L’information met du temps à atteindre nos cerveaux.

Pendant un court instant, plus personne ne pipe mot, comme pour visualiser une Pamela se dirigeant tranquillement vers une pharmacie et demander un paquet de préservatifs le plus naturellement du monde comme s’il s’agissait d’acheter de l’Ibuprofène. «Mais t’es folle ou quoi! Tu as… quoi?», s’exclame Pamela, choquée.  Divine semble étonnée de nous voir soudain silencieuses et un voile de tristesse traverse son regard. Elle se sent jugée, incomprise par ses plus fidèles amies. Nadia est la première à briser le silence : «Pam, cela ne se fait pas. C’est à ton gars d’aller acheter ce genre de truc et non toi!».

Durant un bon quart d’heure, la conversation ne tourne qu’autour de ce sujet. Je reste bien silencieuse à écouter les arguments de l’une et de l’autre, cependant une question ne cesse de me trotter dans la tête. Divine a bien raison. Pourquoi donc l’achat de préservatifs ne serait qu’une affaire d’homme seulement?   

Mieux vaut prévenir…

Au Burundi comme dans la plupart des pays africains, il est difficile pour les femmes d’assumer leur sexualité. La culture, la peur du jugement, le poids du regard, de la religion, sont entre autres des freins à cette affirmation de la sexualité féminine.

Une jeune femme non mariée qui assume avoir des relations sexuelles est déjà mal perçue, imaginez alors celle qui va acheter des préservatifs…elle est de suite taxée de prostituée, fille facile, mal éduquée, de mœurs légères et j’en passe. Mais entre  prendre le risque de tomber enceinte, d’attraper de vilaines maladies et de l’autre, prendre sa vie en main, penser à soi, prendre le temps et son courage à deux mains pour aller se procurer une protection (d’ailleurs on est bien servi que par soi-même, non?), le choix devrait être plus que clair, à mon humble avis.

Quand on sait qu’au Burundi 11% des adolescentes de 15-19 ans ont déjà commencé leur vie procréative, 7% ont déjà eu un enfant et 3% enceintes de leur premier enfant, il est grand temps de briser les tabous et d’encourager les femmes à prendre leur vie sexuelle en main dès le jeune âge. Au diable les préjugés!   

 

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