En réaction au billet d’une blogueuse qui s’interrogeait sur l’absence des hommes burundais le jour de l’accouchement de leurs épouses, Landry Rukundo donne quelques explications.
Première raison. L’attitude de la femme en travail démotive. Madame Estella (pseudo) dont la fillette va bientôt avoir 3 ans, témoigne : « Le jour où j’étais sur le point d’accoucher de ma fille ainée, mon mari était à l’intérieur du pays. Il m’a téléphoné pour s’enquérir de la situation. En décrochant, je l’ai insulté (wa muhimbiri niwe unteye aya magorwa yose, nogufata nokurya amenyo! ), que l’on peut littéralement traduire : imbécile, c’est toi qui me fais subir tous ces malheurs, si je t’attrapais je te mordrais!) »
La douleur due aux contractions utérines est tellement atroce au point de faire « délirer » la femme. L’époux d’Estella en a payé les frais et il y a bien d’autres hommes qui en sont ou qui en ont été victimes un jour.
Éviter le surnombre des gens qui accompagnent la parturiente
Étant stagiaire interne à l’hôpital Prince Régent Charles en service de Gynéco obstétrique, j’ai vu un jour une jeune maman qui s’est fait accompagner par une dizaine de femmes dont sa mère, belle-mère, tantes, cousines et amies. Quelque part, son mari n’avait pas de rôle à jouer.
À l’hôpital Militaire de Kamenge, il n’est pas rare que toutes places réservées à ceux qui accompagnent les femmes soient bondées. À l’hôpital Prince Régent Charles, elles mettent carrément les pagnes à terre pour s’asseoir parce que c’est exceptionnel qu’il y ait une place de libre. Résultats, les hommes manquent parfois d’arguments logiques pour qu’ils viennent s’asseoir à terre alors qu’il y a plein de leurs proches qui s’occupent de tout.
Certaines femmes ne préfèrent pas être accompagnées par leurs maris
Comme pour le cas de Mme Yvonne, étudiante qui a récemment mis au monde des jumeaux, certaines femmes préfèrent ne pas être accompagnées par leurs maris. «Parfois on veut éviter que nos maris se sentent coupables de notre douleur car, comme pour le cas de mon mari hypertendu depuis 2012, il m’entendait crier le jour de mon accouchement et à cause du stress, il a fait une crise hypertensive et a été admis en hospitalisation pendant toute une journée » , avoue la jeune maman qui ne veut plus désormais être accompagnée par son mari.
Sans nier l’importance des géniteurs auprès de leurs épouses le jour de l’accouchement, le risque est cependant sensiblement important de se faire démolir par sa propre dulcinée devant tous les patients de l’hôpital. Un risque qui explique notamment, pourquoi certains hommes préfèrent jouer l’indifférence et ainsi éviter ce genre de scène.