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Burundi : voici les deux facettes du ligala

«Ligala»  vient du mot anglais «legalise» qui, au départ, faisait office de mot d’ordre pour les amateurs de marijuana en Jamaïque. Au Burundi, ce terme a pris une connotation négative. Pourtant, au ligala, tout n’y est pas mauvais…

Bob Marley et ses amis ont été les précurseurs de cette idéologie qui anime encore aujourd’hui le mouvement rasta. En hommage à celui-ci, les rastas ne ratent jamais l’occasion d’invoquer Jah en le suppliant de se révéler aux gouvernements (comme il l’a fait au Canada récemment) afin qu’ils puissent rendre légal la «mary jane». Impensable au Burundi. Pourquoi, ces petits attroupements entre jeunes qui ont hérité du nom de ce combat des rastas jamaïcains, sont-ils souvent associés à de la délinquance?

Ligala de Bujumbura

Depuis mon 10è anniversaire, ma mère me dit que les jeunes qui vont au ligala tournent mal. «À chaque fois que tu croiseras un de ces jeunes du ligala mal coiffé, qui marche avec désinvolture et avec une voix pleine de paresse, cours, sinon il te tabassera!», me répétait-elle souvent. Ma mère tenait ces informations des discussions qu’elle avait souvent avec les autres mamans du voisinage.

« J’ai failli me faire violenter par un groupe de jeunes brigands qui s’attroupent tous les jours au ligala du coin de la rue. Ces jeunes gens font la loi à partir de 18h, ont tous abandonné l’école et ils consomment des stupéfiants. Malheureusement, personne n’est à mesure de leur donner des conseils quand ils ont déjà migré dans leur état second, au grand risque de se créer des ennuis. Puisse l’Éternel nous venir en aide», lâchait souvent la maman de Divin, la voisine.

Plus tard, j’ai fréquenté ces endroits. Même si ce ne sont pas les repaires de brigands comme le croient certains parents, ce qui s’y passe n’est pas toujours recommandable.

Autres lieux, autres mœurs

Commune Gisuru, province Ruyigi. Le conducteur s’arrête pour faire le plein. Des curieux et moi en profitons pour flâner un peu. Les uns vont avaler une bière vite fait, d’autres vont acheter des denrées à un prix relativement inférieur à celui de Bujumbura.

Je me dirige vers un groupe de jeunes gens et je les salue. Nous échangeons tranquillement des banalités de toutes sortes quand tout à coup quelqu’un dit : «Aha kwi ligala iwacu ntanumwe ataciye mwishure!» (Ici sur notre ligala tout le monde est passé sur le banc de l’école!). Étonnement. Je veux savoir davantage comment ces jeunes gens comprennent le concept du ligala. Ils me disent que c’est un lieu où les gens «civilisés» se rencontrent pour discuter des problèmes de la société afin d’y apporter des pistes de solutions [loin de l’idée de tuer le temps et prendre des stupéfiants comme le font certains flemmards à Bujumbura]. «Nous pouvons même exercer de petits commerces pour lutter contre le chômage», me dira Lisuba entrain de souffler sur un braisier  surmonté d’une théière. La mixture qui y chauffe est fait de thé et de gingembre qu’il vend aux passants. Ce ligala a plus l’allure d’un café qu’autre chose.

Même chose à Bugarama et à Muramvya. De ce côté-là, le ligala est pris très au sérieux. Ce sont des jeunes gens et des adultes de tout âge qui s’y rencontrent pour vendre des fruits et des légumes frais, des œufs, des produits de l’artisanat, etc.

Comparés aux ligalas de l’intérieur du pays, qu’est-ce qui a mal tourné au sein des ligalas de Buja?

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