Donner naissance est le moment le plus crucial dans la vie d’une femme. Amies, parentés, et toutes celles qui le peuvent l’accompagnent à l’hôpital, la soutenant dans ces dures épreuves. Mais au Burundi rares sont les hommes qui accompagnent leurs femmes jusqu’à la délivrance.
Moi aussi, j’en ai accompagné des femmes sur le point d’accoucher. Et jusqu’à ce que je sois dans le même cas, je trouvais cela normal de ne voir que la gent féminine dans les couloirs de la « maternité ». Jamais je ne m’étais posé la question. Fort heureusement pour moi, le père de mon enfant était là. Entre douleurs, contractions et le réconfort de sa part et de ma famille, je n’ai pas remarqué qu’il était le seul homme dans le couloir d’attente de la “maternité”. Tard dans la nuit, il était toujours là, attendant le bébé, encore plus angoissé que moi.
Ce n’est pas un endroit pour hommes
Lorsque le lendemain il était encore là, n’ayant pas fermé l’œil de la nuit, entre les moustiques de l’hôpital et le froid (car je n’étais pas encore admise dans la salle d’accouchement), les médecins lui ont sommé de s’en aller, avançant que tant qu’il sera là, je ferai mes siennes, et que je vais me comporter en femme gâtée. « Ce n’est pas un endroit pour hommes! », lui dira sèchement une infirmière. Il s’est éloigné un moment pour répondre à un appel, et une autre femme dans la même situation que la mienne, son bébé n’ayant pas encore osé pointer le nez, a glissé : « Ton homme, comment fait-il ça? Être ici depuis hier…C’est votre premier enfant, n’est- ce pas? Nous aussi, nous avons des maris, et pourtant ils ne nous accompagnent pas, ou ne supporteraient pas de passer autant de temps ici! ».
J’ai vite réalisé qu’effectivement beaucoup d’hommes ne se manifestent que quand la femme a déjà accouché, avec un bouquet de fleurs et des fruits dans un panier, sans avoir assisté une seule seconde au calvaire qu’a vécu la maman. Manquent-ils de temps? Craignent-ils de tourner de l’œil à voir leurs femmes se tordre de douleurs? Et si on leur demandait de les accompagner jusque dans la salle d’accouchement, comment réagiraient-ils?
Cela ne devrait pas être une exception!
J’ai osé demander à un ami comment ça s’est passé le jour J. Arnaud a été aussi présent à l’hôpital. Depuis le début des contractions le matin jusqu’à l’opération par césarienne. Il témoigne : « Être à côté de sa femme depuis la conception et voir de tes propres yeux quand elle va accoucher et quand elle revient du bloc opératoire avec cet être si beau et merveilleux est la plus grande chose qui me soit arrivée. La douleur qu’elles endurent est si grande, et nous autres maris sommes appelés à faire une seule chose, : être à leurs côtés dans ces moments car c’est là qu’elles en ont le plus besoin. »
Néanmoins, les découragements de la part du personnel médical de temps en temps et les moqueries de certains hommes envers leurs pairs encouragent la réticence des maris à accompagner leurs femmes. Au grand désarroi de leurs épouses.