Sur les réseaux sociaux au Burundi, une lettre concernant deux conteneurs de machettes est largement partagée. Cette correspondance, attribuée au secrétariat général du gouvernement, est destinée au directeur de l’Autorité portuaire de Tanzanie, lui demandant de libérer deux conteneurs de machettes actuellement bloqués au port. Des voix s’élèvent pour dénoncer cette lettre, la considérant comme une rumeur concoctée dans le cadre des tensions pré-électorales.
Juste après le lancement de la campagne d’éducation civique et électorale en préparation des élections législatives et communales de mai 2025, les rumeurs concernant la distribution de machettes circulent déjà sur les réseaux sociaux. Sans délai, les Burundais, se souvenant des événements passés, réagissent. Jérémie Minani, un ancien cadre du CNDD-FDD se présentant comme membre d’une organisation politique appelée « Rassemblement pour la Démocratie et l’Unité Nationale », rejette ces informations comme étant des fausses nouvelles conçues pour semer le trouble au sein du peuple burundais.
« Nos premières investigations révèlent une volonté réelle de certains acteurs de provoquer une nouvelle crise au Burundi en propageant des rumeurs visant à diviser la population. Il s’agit donc d’une rumeur conçue spécifiquement pour semer la panique parmi les Burundais », explique-t-il. Cet ancien cadre du CNDD-FDD appelle tous les Burundais, quelle que soit leur appartenance ethnique, à rester calmes et vigilants.
« En raison de l’histoire de notre pays et de la région, de telles informations peuvent entraîner des conséquences graves telles que la propagation de la haine sociale, souvent suivie de violences », déclarent le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie-MSD ainsi que le Parti des Patriotes pour le Développement-PPD-Girijambo, dans un communiqué conjoint, mettant en lumière les dangers des fausses informations.
Par conséquent, après une enquête approfondie sur l’origine de la fausse information concernant des machettes distribuées aux jeunes du parti au pouvoir, les deux partis politiques, le PPD-Girijambo et le MSD, assurent à l’opinion nationale et internationale que cette information est erronée et appellent à la solidarité et à l’unité de la population.
La prétendue lettre Débunkée par Burundi Check
Selon les investigations de Burundi Check, une plateforme spécialisée dans la détection des fausses informations au Burundi, cette affirmation est erronée d’après leurs analyses approfondies et leurs méthodes d’enquête. « Après un examen méticuleux à l’aide d’outils de vérification, il apparaît que le format de la lettre diffère de celui habituellement utilisé, et les caractéristiques de la police de caractères et de la couleur du texte ne correspondent pas », explique-t-elle.
Dans ses révélations, Burundi Check précise : « Les caractères de cette prétendue « lettre » correspondent à un document authentique signé par le secrétaire général du gouvernement, dont le contenu a été remplacé par ce message diffamatoire à l’aide d’un logiciel de traitement de texte ». « La présence d’un symbole en forme de ciseaux (situé à droite de la signature) indique que le document a été altéré. De plus, ce symbole n’est pas disponible dans les logiciels de traitement de texte et ne devrait pas figurer sur une correspondance officielle », conclut-elle.
Bien que la lettre semble avoir fait surface sur Internet vers la fin du mois de mars, d’après la date de sa signature, le gouvernement n’a pas encore réagi.