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EDUCATION

Tunisie: une école-entreprise sociale, un modèle à reproduire?

Alors que la Tunisie traverse une crise économique aiguë, le secteur de l’éducation pâtit de ces difficultés financières. Face à cette situation, une ONG souhaite transformer les écoles de Tunisie en « entreprises sociales ». Le but : qu’elles génèrent elles-mêmes des revenus. Visite d’un établissement qui sert de projet pilote, le collège Makthar, situé dans le nord-ouest du pays.

De notre correspondante à Tunis,

Accueillis à bras ouverts comme à chaque fois. Depuis dix ans, l’ONG Wallah We Can tente d’améliorer le quotidien de ce collège situé dans une zone défavorisée de Tunisie. À la tête du projet, Lotfi Hamadi. Originaire de cette région, il a une obsession : permettre aux enfants d’étudier dans des conditions décentes.

« Nous voyons bien que même les diplômés partent de Tunisie. Il faut qu’on arrive dès leur plus jeune âge à donner à ces enfants l’accès à l’éducation et aussi à permettre à ce que ces enfants aient envie de s’épanouir dans ce pays, explique-t-il. On doit réconcilier les Tunisiens avec la Tunisie et ça, ça passe par l’éducation. »

Pour permettre à cette école de subvenir à ses besoins, l’ONG a eu l’idée de l’encourager à générer des revenus. Chaïma Rhouma, membre de l’association et ancienne du collège, nous sert de guide. « Sur le toit, nous avons disposé des panneaux photovoltaïques. L’eau des douches provient de là. Une fois que nous aurons atteint notre autosuffisance énergétique, on pourra vendre de l’énergie. »

Autosuffisance des établissements

Entretien de l’établissement, ateliers théâtre, cinéma ou entrepreneuriat, les projets de l’ONG pour les 570 collégiens de l’établissement sont nombreux et variés. Pour arriver à les mettre en place, Wallah We Can multiplie les sources de revenus.

Récemment, l’association a décidé de louer huit hectares de terrain agricoles : « Là, ce sont les tomates, d’ici un mois et demi, elles pourront être cueillies », espère Chayeb. Mais aussi pommes de terre, fèves ou encore petits pois. Comme cet homme, une petite dizaine de parents d’élèves travaillent cette terre à plein temps ou de façon occasionnelle. « Voici Melle Wassila, là, c’est Mohamed. Ce sont aussi des parents d’élèves », présente Chayeb.

Pour un peu moins de 200 euros par mois, soit légèrement plus que le salaire minimum tunisien, ces parents d’élèves œuvrent pour l’école de leurs enfants. Les légumes cultivés serviront en priorité à nourrir les collégiens le midi. Les surplus vont être vendus.

Avec beaucoup de fierté, Lotfi Hamadi table sur une production de 200 tonnes cette année et des recettes qu’il estime à près de 100 000 euros. « Notre objectif n’est pas de faire une seule action. Notre objectif est d’avoir un modèle dont toutes les solutions pourront être reproduites partout en Tunisie. Il faut arrêter de penser que l’État peut tout faire. L’État est à terre. »

Il aura fallu dix ans pour faire aboutir ce projet. Malgré les lourdeurs administratives, les instigateurs du concept continuent de croire en son potentiel.

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