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ENVIRONNEMENT

COP15 Biodiversité: les négociations préparatoires font du surplace au Kenya

Bonobo young female 'Sankuru' portrait (Pan paniscus). Lola Ya Bonobo Santuary, Democratic Republic of Congo. Oct 2010.
Les négociations sont ne peut plus difficiles entre les 195 États réunis depuis six jours à Nairobi au sein de la Convention onusienne pour la Biodiversité biologique. À cause du Covid, la COP15 de 2020 prévue en Chine avait été annulée. Depuis, les pays se sont rencontrés en mars à Genève, puis depuis mardi au Kenya afin de préparer la COP15 organisée cette fois en décembre au Canada. On attend un accord ambitieux afin de protéger au mieux la nature et ses ressources d’ici 2050.

C’est la quatrième rencontre pour préparer un cadre mondial visant à mieux protéger la nature et ses ressources d’ici à 2050. Premiers objectifs pour 2030, protéger 30% des terres et mers. Le texte doit servir de base pour la prochaine COP sur la biodiversité qui se tiendra en décembre à Montréal. Plus de 40 000 espèces animales et végétales sont menacées de disparition selon l’Union internationale pour la conservation de la nature. Les négociations se sont terminées dimanche soir. 

La déception des ONG

Et malgré six jours de négociations acharnées, les progrès semblent encore minimes. Brian O’Donnell, directeur de l’organisation Campaign for Nature, a expliqué à l’AFP que « la majeure partie du temps avait servi à des chamailleries techniques, laissant les décisions majeures irrésolues ». Les négociateurs ont travaillé d’arrache-pied pendant six jours pour tenter d’avancer sur le projet de texte. Mais beaucoup d’observateurs pointent le travail restant. « Pour nous c’est une déception. Les progrès sont très limités. Dans l’ensemble, le texte n’est pas du tout prêt à être adopté, déjà dans sa forme, et encore moins dans son contenu parce qu’il n’est pas du tout ambitieux à ce stade », se désole Arnaud Gilles, chargé de diplomatie environnementale au sein du Fonds mondial pour la nature (WWF France).

On a cette urgence liée à l’effondrement de la biodiversité à toute vitesse. Dans notre rapport Planète Vivante de 2020, nous avions montré que la population de vertébrés avait chuté de 68% entre 1970 et 2016. Donc l’urgence est là. Cette semaine de négociations s’était ouverte avec un élan qu’on n’avait pas connu depuis longtemps dans la mesure où les dates de la COP15 qui doit voir adopter cet accord mondial sur la biodiversité avaient été confirmées pour la fin de l’année 2022 à Montréal. On pouvait espérer à ce titre que ça s’accélère un peu à Nairobi. Force est de constater aujourd’hui, au terme de six jours de négociations, que ce n’est pas vraiment le cas et que les négociations ont plutôt patiné, en dépit des espoirs qui ont été fournis par toutes les délégations sur place et du temps qui a été consacré sur chaque article du texte. Un gros point de blocage c’est la question du financement de la biodiversité, qui cristallise beaucoup de tensions. Et qui surtout conditionne, dans l’esprit de certains États, l’avancée sur d’autres sujets très concrets comme la restauration des écosystèmes, la conservation des écosystèmes.

Arnaud Gilles: «la question du financement de la biodiversité cristallise beaucoup de tensions»

Beaucoup de parties du texte font toujours l’objet de désaccords. Alors que Nairobi devait servir à rapprocher les points de vue et à épurer le document, des délégations ont introduit de nouveaux éléments. Une division Nord-Sud est également apparue entre les pays.

Certains sujets sont particulièrement débattus, comme l’agriculture. Les États s’opposent autour de la réduction des pesticides, la sur-utilisation des engrais, le besoin de produire davantage, etc.

Autre source de tension : les finances. Plusieurs pays notamment Brésil, Argentine, Afrique du Sud, Cameroun ou Égypte ont renouvelé une demande que les pays riches fournissent 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 aux pays en développement pour préserver la biodiversité.

« Changer d’état d’esprit »

Les experts pointent également du doigt des dysfonctionnements : la Chine qui ne jouerait pas assez les facilitateurs, Brésil et Argentine accusés de défendre trop l’agro-industrie, les pays riches qui refusent de mettre la main à la poche ou encore la faiblesse structurelle du sommet avec des délégués issus des ministères de l’Environnement alors que les sujets concernent aussi l’agriculture, les finances, l’industrie, etc.

Basile Van Havre, co-président des négociations, défend tout de même quelques avancées dans la rédaction des propositions : « En termes de résultats tangibles, on a deux cibles qui sont finales, en texte plein. C’est pas énorme. Par contre ce qu’il faut apprécier c’est que pour toutes les autres cibles, il y a énormément de progrès qui ont été faits. C’est clair, on est loin d’avoir fini et on a encore beaucoup de travail devant nous mais on a fait un travail énorme de débroussaillage. Donc on est contents. »

Vendredi, Francis Ogwal, autre coprésident, avait mis la pression en appelant à « vraiment changer d’état d’esprit » dans ces négociations car « au rythme actuel, il n’y aura pas de texte pour la COP15 ».

Les participants ont prévu de se retrouver pour une dernière session de négociations, juste avant la COP15 en décembre. Des sessions plus informelles auront lieu d’ici là, en plus petits groupes. Pour tenter d’arriver à Montréal avec le moins de divergences possibles. 

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