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Génocide des Tutsis au Rwanda: le témoignage des rescapés de Murambi

This court-sketch made on May 9, 2022, shows former senior Rwandan official Laurent Bucyibaruta during his trial for genocide. - Laurent Bucyibaruta went on trial in Paris on May 9, accused of complicity in the African nation's genocide, the most high-ranking figure yet to face justice in France over the 1994 massacres. The case of Laurent Bucyibaruta is the fourth from the Rwandan genocide to come to court in France, which had long been under pressure from activists to act against suspected perpetrators who had taken refuge on French soil. (Photo by Benoit PEYRUCQ / AFP) / ----IMAGE RESTRICTED TO EDITORIAL USE - STRICTLY NO COMMERCIAL USE-----
Depuis le 9 mai, le procès du Rwandais Laurent Bucyibaruta s’est ouvert à Paris. L’ancien préfet de Gikongoro, région du sud-ouest du Rwanda, est accusé de génocide et de complicité de crimes contre l’humanité. Les juges vont devoir déterminer s’il a joué un rôle dans les nombreux massacres organisés dans sa préfecture pendant le génocide des Tutsis en 1994, et notamment dans le massacre de l’École Technique de Murambi, l’un des pires du génocide, au cours duquel 50 000 personnes ont perdu la vie selon les autorités rwandaises. Laure Broulard est allée à la rencontre des rescapés de cette tuerie.

De notre correspondante à Kigali,

En avril 1994, Ali Kabuge est venu se réfugier ici, à l’École Technique de Murambi, avec toute sa famille. Ils espéraient y être en sécurité alors que sur les collines alentours, le génocide commençait : les maisons des Tutsis étaient brûlées et des barrages routiers étaient érigés par des miliciens Hutus Interahamwe.

« Je me souviens qu’on était ici, sur ce terrain. On était très nombreux. Il n’y avait rien à boire, rien à manger. Et ceux qui allaient chercher de l’eau dans la vallée, les Interahamwe les tuaient et ils ne revenaient pas. »

Alors que des dizaines de milliers de personnes s’y étaient rassemblées, l’école est attaquée au fusil et à la grenade le 21 avril 1994 au petit matin.

« J’avais sept frères et sœurs mais je suis le seul survivant. Mon père aussi est mort ici. Mes tantes maternelles sont mortes ici, mes tantes paternelles sont mortes ici. Mais aussi mes oncles maternels. Ils sont si nombreux », raconte Ali Kabuge.

Des sites mémoriaux à Kaduha et Cyanika

« Cet endroit a été choisi comme lieu de concentration des victimes du fait de sa position stratégique. » Stanley Mugabarigira est le gérant du mémorial de Murambi : « Comme vous le voyez, cette colline est entourée d’autres collines plus élevées. Donc les victimes n’avaient aucune chance de survie. Après le massacre, les tueurs ont amené des pelleteuses et ont creusé des charniers où ils ont mis tous les corps pour cacher les preuves de génocide ici ».

Le même jour, les miliciens attaquent deux paroisses avoisinantes : Kaduha et Cyanika. C’est là que la famille de Remy Kamugire, aujourd’hui vice-président d’Ibuka à Nyamagabe, s’était réfugiée. « Nous avions tous l’habitude de nous réfugier dans les églises. On pensait que c’était un lieu sacré que personne ne pourrait attaquer. Mais à l’aube, vers 4 heures du matin, ceux qui avaient survécu à Murambi sont venus en courant. Ils avaient des blessures de grenades et de coups de feu. Ils nous ont dit que les Interahamwe venaient pour nous », se rappelle-t-il/

Selon les autorités rwandaises, environ 35 000 personnes ont été tuées à Cyanika, plus de 45 000 à Kaduha. Comme l’École Technique de Murambi, ces deux paroisses sont aujourd’hui des sites mémoriaux où reposent les corps des victimes.

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