Au Burundi, le président Evariste Ndayishimiye a tenu il y a deux jours sa première conférence de presse depuis qu’il a accédé au pouvoir il y a deux ans. Un entretien marathon avec des dizaines de journalistes, qui a duré au final plus de six heures. Le chef de l’État a passé en revue de très nombreux sujets, abordant comme lui-même l’a reconnu des questions qui ne lui avait même pas été posées.
Certains sujets ont davantage retenu l’attention, comme les groupes armés burundais à l’est de la RDC, les relations tumultueuses avec le voisin rwandais.
Mais le président burundais était d’abord attendu sur la question du pouvoir d’achat, et des nombreuses pénuries auxquelles la population fait face. Malgré une augmentation de près 50% du prix du carburant depuis le début de l’année, on observe toujours une sévère pénurie d’essence et du gasoil dans ce pays où l’on manque également d’un peu de tout : sucre, ciment, bière ou encore médicaments, alors que les prix du transport et de tous les autres produits ont fortement augmenté.
Le général Ndayishimiye a préféré jouer cartes sur table avec une population qui ne cache plus son mécontentement, et qu’il appelle à être « résiliente ». Le Burundi, classé pays le plus pauvre du monde en 2021 par la Banque mondiale, manque cruellement de devises pour importer tout ce dont il a besoin. « Prenez votre mal en patience et produisez plus pour changer la donne », a donc lancé le chef de l’État burundais.
Autre sujet qui a retenu l’attention, son appel aux groupes rebelles burundais qui ont leur base-arrière dans l’est de la RDC voisine. Evariste Ndayishimiye s’est dit prêt de nouveau à dialoguer avec RED-Tabara et les FNL, même si ses soldats les traquent depuis des mois sur le sol congolais.
Enfin, il a fait le point sur le processus de normalisation avec le Rwanda voisin, qui butte depuis une année sur l’exigence de Gitega de voir Kigali lui livrer les présumés auteurs de la tentative de coup d’État de 2015 au Burundi, aujourd’hui réfugiés au Rwanda. Le président burundais a réitéré sa demande, en assurant qu’« il n’y aura plus après ça de problèmes entre nous ».