La France commémore aujourd’hui mardi 10 mai la « Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition ». L’occasion de s’intéresser au regard que portent aujourd’hui les Africains sur cette histoire douloureuse qui a marqué le continent. Mais imprègne-t-elle toujours sa mémoire collective ? Éléments de réponse avec des étudiants guinéens.
Avec notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal
Deux amis, attablés dans un restaurant en face de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Il y a Billy Nakouma Keïta, licence 2 de physique, d’abord surpris par notre requête. L’esclavage, Que peut-il nous raconter sur ce sujet qu’il dit avoir étudié seulement à l’école : « Le peuple blanc venait nous chercher pour aller travailler dans leurs plantations, pour augmenter leurs revenus, leur économie, sans se soucier de l’état du Noir. Tout ce qui l’intéressait, c’est le travail effectué. Les sentiments du Noir, il s’en fichait. »
À côté de lui, Arafan Kaba, 17 ans, un camarade de classe, qui fait le lien entre le racisme que vivent aujourd’hui les Noirs à travers le monde et l’histoire de l’esclavage : « Mon oncle, il est aux États-Unis. Et je me rends compte que parfois, il subit du racisme, il se sent étouffé, il se sent comme s’il n’est pas chez lui. »
► À écouter : Pourquoi raconter des histoires de l’esclavage (Autour de la question) ?
Mais Billy Nakouma Keïta veut rester optimiste. Un système aussi terrible que le commerce triangulaire ne pourra plus jamais être imposé à l’Afrique, pense-t-il. Le continent est désormais conscient de sa puissance : « On s’est relevé. On a connu qui nous sommes. Donc, on ne peut pas laisser une autre personne nous marcher dessus. »
Selon le jeune homme, cette histoire fait partie de l’identité africaine. Une identité qui s’est forgée dans ce long combat pour la dignité.