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Guinée: pas de retraite pour les bus scolaires américains

Après avoir raccompagné chez eux, pendant des années, les élèves des États-Unis et du Canada, les cars jaunes traversent l’Atlantique pour commencer une nouvelle vie en Guinée. Réputés pour la puissance et la robustesse de leur moteur, ils sont prisés des transporteurs pour les longues distances. 

De notre correspondant à Conakry,

Vision irréelle. Garé le long de l’autoroute Fidel Castro, en plein cœur du chaos conakryka, un bus jaune. De ceux qui, normalement, transportent les écoliers des banlieues vertes nord-américaines.

Mamoudou Condé cherche un acquéreur. « Je suis le vendeur de ce véhicule », dit-il. Il fait ça depuis les années 1990. Il prend une commission de 10, 20 euros par transaction. Les rentrées d’argent sont très irrégulières, confie-t-il. « On a des amis qui sont là-bas, des frères qui achètent les bus et les envoient ici. »

De Baltimore à Conakry en passant par Dakar

Ce marché de bus d’occasion existe grâce à la diaspora guinéenne en Amérique du Nord. La traversée par bateau coûte cher, plus cher que le véhicule parfois. Ce bus est arrivé il y a trois mois peut-être, Mamoudou n’est plus très sûr. Une étiquette collée sur la vitre côté conducteur indique le port de départ : Baltimore, aux États-Unis. Il a transité par Dakar avant d’arriver au port de Conakry.

« Un bus comme ça, quand un client vient, je lui propose à 250 000 millions de francs guinéens. » 27 000 euros pour débuter la négociation. « Ce genre de modèle est très apprécié. Son moteur est reconnu pour sa qualité », assure Mamoudou Condé.

À la recherche d’un véhicule résistant

La résistance, c’est ce que recherche les transporteurs qui vont détourner le school bus de son usage initial. L’améliorer, le modifier. Renforcer sa structure par des armatures en acier, ajouter des vis pour fixer les sièges plus solidement. « Ceux qui cherchent ça particulièrement, ce sont les transporteurs qui vont en forêt (Guinée forestière, NDLR), ceux qui roulent sur toutes les routes du pays », explique Mamoudou Condé.

Nous demandons à Mamoudou Condé de démarrer son bus. À l’intérieur, il fait plus de 40 degrés. L’air est lourd, chargé d’une odeur de plastique qui fait tourner la tête. Ça fait un mois qu’il n’a pas vu un client. La batterie risque d’être à plat, prévient Mamoudou Condé. Il insère la clé et tourne. Roulements de tambour… Un frisson parcourt le tableau de bord. Les aiguilles s’agitent, les voyants s’allument un peu partout. Le mastodonte ne s’est pas réveillé, ce sera pour la prochaine fois.

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