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DIPLOMATIE

Accords de défense: la France et le Mali en désaccord sur l’effectivité de leur dénonciation

Lundi 2 mai 2022, les autorités maliennes de transition ont officiellement dénoncé les trois textes qui régissent la coopération militaire entre le Mali et la France, accusant notamment Paris de « multiples violations » de son espace aérien et d’« atteintes flagrantes » à sa souveraineté nationale. Bamako estime que la force Barkhane n’a dorénavant plus de base légale pour opérer au Mali, tandis que Paris dénonce des accusations « injustifiées ». 

Le quai d’Orsay dénonce une « décision unilatérale », « injustifiée » et « conteste formellement toute violation du cadre juridique » qui serait imputable à la force Barkhane. Bamako reproche une cinquantaine de violations de l’espace aérien du Mali : celle qui a fait déborder le vase, c’est la surveillance par des drones français du camp militaire de Gossi et les accusations de mise en scène de charnier par le groupe Wagner, selon l’armée française.

L’armée française qui estime que les textes lui permettaient bien de déployer ses drones dans cette zone. Dans son communiqué, le quai d’Orsay précise que « la France poursuivra le retrait en bon ordre de sa présence militaire au Mali », les soldats de Barkhane devant finir de quitter le Mali d’ici la fin de l’été.

Pas de base légale

Sauf qu’à Bamako, on ne voit pas les choses de la même manière. Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a affirmé mardi soir sur les ondes de la télévision d’État, l’ORTM, qu’« à partir de cet instant, à partir de la dénonciation officiellement annoncée lundi, il n’y a pas de base légale pour la France d’opérer sur le sol malien ».

En effet, les deux accords qui régissent le déploiement de Barkhane et de Takuba ne prévoient aucune modalité spécifique en cas de dénonciation, mais le ministre Abdoulaye Diop s’en réfère au traité de Vienne qui, selon lui, s’applique dans ce cas : en cas de violation flagrante des accords par l’une des deux parties, la dénonciation a selon lui valeur de rupture immédiate.

Quant au désengagement en cours, le chef de la diplomatie malienne précise : « le gouvernement veillera à ce que les choses se fassent en bon ordre et dans le temps adéquat (…), on ne peut pas être dans une posture d’hostilité vis-à-vis du Mali (…) et circuler librement sur le territoire malien. »

En résumé : Paris estime avoir au moins six mois pour mener son désengagement à terme et à sa manière ; Bamako affirme que la fin des deux accords qui encadraient le déploiement de Barkhane et de Takuba est à « effet immédiat ». Ce qui laisse craindre d’éventuelles difficultés, pour ne pas dire plus, dans les semaines qui viennent.

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