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SOCIETE

Au Rwanda, des coopératives pour se reconstruire

Au Rwanda, les femmes se souviennent avec peine de l’après-génocide. Souvent seules, dans le dénuement, il a fallu continuer à vivre. Certaines s’organisent en petits groupes pour travailler ensemble. C’est le cas dans la commune de Muhanga où dès 1996, Irène Muyawezu crée un groupement de femmes qui font de la vannerie. Aujourd’hui, environ 150 personnes travaillent pour la coopérative Korebu. Les femmes travaillent aujourd’hui encore ensemble et se souviennent…

Liberata Kayitesi, pagne orange orné d’oiseaux, confectionne des paniers et autres objets en raphia. « On commence par le centre. On utilise une aiguille et des herbes dures pour fabriquer un objet durable. Il faut trois jours pour faire cette panière. »

Après le génocide, nombre de rwandaises se sont retrouvées seules à devoir faire vivre les foyers. « Les rescapés n’avaient pas de quoi manger, c’était difficile d’oser aller aux champs. Certaines n’avaient plus de maris, d’autres avaient leurs maris en prison. Et celles dont les maris étaient présents, ils étaient pauvres. C’était très difficile de s’asseoir avec celles dont les proches ont tué les tiens. Et elles se disaient sans doute que tu as fait enfermer ses proches. C’était difficile d’être à l’aise en compagnie des autres. Mais après avoir commencé, ce sentiment s’est progressivement dissipé. »

Un travail en groupe salvateur

Liberata Kayisi est également la comptable de la coopérative. Travailler en groupe a nettement amélioré ses revenus.

« Avant, je faisais la même activité, mais ce n’était pas lucratif. Quand j’ai rejoint la coopérative, cela m’a permis de gagner plus d’argent et cela m’a donné une meilleure exposition. Cela m’a donné une certaine stabilité dans mon foyer. J’ai pu payer la scolarité de mes enfants, mais aussi la mutuelle de santé. Et en même temps, être dans un groupe, cela a amélioré ma vie. Quand je suis seule, je pense beaucoup au passé, mais quand je suis en groupe, cela me donne beaucoup de force. »

Désormais, la coopérative travaille pour différents fournisseurs. « Ça nous donne la possibilité de fournir le marché. Une femme seule ne pourrait pas satisfaire cette demande. Ensemble nous produisons en quantité suffisante et dans les temps. »

Pas question de trainer donc. Une dizaine de femmes tissent à l’ombre, mais ceci dans une ambiance conviviale. « Nous parlons beaucoup. Nous nous entraidons beaucoup. Après le génocide, chacun restait dans son coin. Nous les femmes, nous étions vraiment pauvres. Nous rassembler nous permet de gagner notre vie, mais aussi cela nous aide à guérir. »

« C’est très précieux. »

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