Un ancien commandant de l’Armée de résistance du Seigneur, rébellion ougandaise, est de nouveau devant la Cour pénale internationale à La Haye. À partir d’aujourd’hui et toute cette semaine, les juges de la CPI vont entendre ses arguments et ceux de sa défense, avant de décider s’il peut faire appel de sa condamnation.
Dominic Ongwen, condamné l’année dernière à 25 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, a fait appel. Reconnu coupable de 61 chefs d’inculpation, dont celui de viol, d’esclavage sexuel, d’enrôlement d’enfants, cet ancien enfant soldat estime être lui aussi victime.
Pour la défense, il n’y a aucun doute à cela. Enlevé à l’âge de 9 ans sur le chemin de l’école, violenté, endoctriné, il a lui aussi vécu des traumatismes avant de devenir un enfant soldat.
« L’appel qui est présenté est celui d’un enfant qui a été élevé dans des circonstances très dures. Un enfant que le gouvernement ougandais et la communauté internationale n’ont pas réussi à sauver de l’emprise diabolique de la LRA pendant près de 25 ans. Un enfant réduit à l’esclavage et aux travaux forcés », explique l’un de ses avocats, Krispus Ayena Odongo.
La défense met également en avant l’aspect spirituel de la LRA, l’emprise psychologique de son leader Joseph Kony, sur ses troupes.
Un adulte responsable pour l’accusation
Des erreurs procédurales et factuelles et juridiques ont été commises insiste la défense pour qui la Cour pénale internationale a voulu faire d’Ongwen un exemple. Il est le seul combattant de cette rébellion avoir été jugé.
En face les avocats des victimes rétorquent : Ongwen n’était plus un enfant à l’époque des faits. C’était un bon soldat, qui s’est élevé dans les rangs de la rébellion, un adulte, avec toute ses facultés mentales, légalement responsable des crimes qu’il a commis. « Malgré ce que vous venez d’entendre de la défense, ce cas ne concerne pas uniquement M. Ongwen. Sa responsabilité criminelle, les crimes qu’il a commis quand il était un adulte, légalement responsable, c’est aussi l’appel de toutes ses victimes », développe Meritxell Regue, au bureau du procureur.
Il a été condamné équitablement, insiste l’équipe du procureur, qui met en avant les trois ans de procès, les 179 témoignages et 5000 documents présentés.
Toute cette semaine, les deux parties développeront leurs arguments.
Les juges décideront ensuite si un procès en appel peut avoir lieu.