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À la Une: l’incertitude au Burkina Faso

Des tirs d’armes qui crépitent hier matin dans divers camps militaires de Ouagadougou ainsi que dans la ville de Kaya dans le centre-nord du pays, des populations terrées chez elles… Coup d’Etat ou mouvement d’humeur de l’armée ? Selon plusieurs sources ce matin, les militaires auraient maintenu leur emprise et le président Kaboré aurait même été arrêté…

Hier (dimanche) après-midi, rapporte le quotidien Aujourd’hui, « les mutins ont égrené les raisons de leurs sautes d’humeur résumées en 6 points : des moyens adaptés à la guerre asymétrique contre le terrorisme et des effectifs conséquents ; le congédiement des principaux responsables de l’armée ; une meilleure prise en charge des blessés de guerre et des familles des défunts ; l’évacuation des blessés de guerre des FAN ; la formation du personnel adapté à la menace ; et la constitution d’unités permanentes et collecte d’effectifs. Six injonctions de mutins militaires qui sont autant de coups de semonce, relève encore Aujourd’hui, pour signifier une césure avec certains de leur hiérarchie mais surtout un avertissement à grand bruit pour attirer l’attention sur le fait que, eux les hommes du rang, ne sont plus prêts à aller au casse-pipe terroriste sans être dotés d’un certain matériel et viatique nécessaire. »

Attention au départ de feu !

Alors, soupire L’Observateur Paalga, « il faut espérer que les tractations engagées entre les syndicalistes en treillis et les responsables politiques et militaires vont permettre de circonscrire ce départ de feu kaki. Un départ de feu qui pourrait très vite prendre des proportions incontrôlables si on n’y prend garde. Passe encore que ce soit pour des raisons corporatistes, mais si c’est pour faire libérer des prisonniers comme on l’a entendu, encore moins pour perpétrer un pronunciamiento, ce serait incompréhensible. Et même suicidaire pour le pays. Nous ne cesserons de le dire, martèle L’Observateur Paalga, un putsch dans la situation actuelle de notre pays serait une mauvaise solution à un vrai problème, ce serait ajouter du chaos au chaos ! (…) Le précédent du Mali, qui croule actuellement sous le poids étouffant des sanctions des deux organisations sous-régionales, devrait inciter à la prudence et à la raison. Sauf à être animé d’une ambition dévorante, quel officier sensé voudrait aujourd’hui s’embarquer dans une telle aventure sans issue ? »

Que va (doit) faire le président ?

Toujours est-il, relève Le Pays , toujours à Ouagadougou, que le président « Roch Kaboré doit impérativement prendre conscience, s’il ne l’a pas encore fait, que son armée, à l’image de son pays, va très mal. De ce point de vue, il doit travailler à réparer les torts et les manquements dont ont pu être victimes les soldats. Et au-delà de l’armée, il doit tout faire pour répondre, dans les meilleurs délais, aux grandes attentes de son peuple. L’une d’elles est la sécurisation du pays. Jusqu’à présent, les différents gouvernements qu’il a mis en place, n’ont pas donné satisfaction. (…) A cette gangrène s’ajoute une autre, celle de la corruption. Ces cancers ont probablement suscité d’énormes frustrations et déceptions qui peuvent faire le lit d’actes susceptibles de plonger le pays dans le chaos total. Et ce n’est pas forcément en réduisant systématiquement l’accès aux réseaux sociaux et en interdisant de manière récurrente les marches qu’il peut faire baisser la tension. Car, ce serait casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre. »

Quelles suites ?

« Et maintenant ? », s’interroge Wakat Séra : « quelle sera la suite de cette nouvelle difficulté que doit gérer le Burkina, en plus des attaques armées de terroristes et autres bandits qui l’endeuillent sans cesse et qui ont jeté sur la route de l’exil dans leur propre pays plus d’un million de personnes, hommes et femmes, vieux et enfants ? Les heures qui viennent seront déterminantes et sans doute chaude dans un Burkina où les fidèles, chrétiens et musulmans, sont persuadés que seule la prière peut encore sauver le pays. »

Voilà pour la tonalité de la presse burkinabé hier soir au moment du bouclage des journaux. Rappelons que ce matin, le coup de force des militaires se confirmerait selon plusieurs sources, avec l’arrestation du président Kaboré.

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