Omicron se propage à un rythme encore « jamais vu » dans la pandémie, tels sont les mots, inquiétants, de l’OMS. Le nouveau variant a été détecté dans au moins 77 pays et il pourrait devenir dominant en Europe d’ici quelques semaines, voire quelques jours en Grande-Bretagne et au Danemark. Résultat : tous les pays accélèrent leurs campagnes de rappel avec une 3e dose. Une stratégie toujours aussi critiquée par l’OMS qui craint une nouvelle entorse à la solidarité internationale.
Avec notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche
C’est une musique qui se propage aussi rapidement qu’Omicron : l’idée selon laquelle le virus provoquerait des symptômes beaucoup plus légers que le variant Delta. Et c’est un danger, dit le responsable des opérations d’urgence à l’OMS Mike Ryan. Parce que les études sont encore trop parcellaires pour en être sûr. Et parce que si Omicron est plus transmissible, alors cela suffit à envoyer plus de malades en soins intensifs : « On serait les plus heureux au monde si on pouvait revenir dans deux semaines et dire : « Omicron est en fait beaucoup moins dangereux. Tout va bien ». Le problème est que ce n’est pas comme ça que le Covid s’est comporté jusqu’ici. »
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Un problème réel pour le système Covax
L’autre danger est la capacité, probable là encore, d’Omicron de contourner le schéma vaccinal à deux doses ; avec le risque qu’un afflux sur les 3e doses perturbe le système Covax de partage de vaccins qui commençait à atteindre sa vitesse de croisière. « Vacciner les personnes fragiles est plus efficace que d’aller courir après des enfants de 16-17 ans pour leur donner un rappel, affirme Mike Ryan. Je ne veux pas que les gens se sentent mal à l’aise parce qu’on leur a proposé une 3e dose et qu’ils l’ont prise. Mais il y a des millions de personnes dans le monde qui n’ont reçu aucune protection. Et on doit leur donner la priorité. »
La priorité est notamment l’Afrique qui, au rythme actuel, pourrait attendre l’été 2024 avant de vacciner 70% de sa population.
Omicron circule en Afrique
La République démocratique du Congo a signalé cette semaine la présence du variant Omicron sur son territoire. Le pays est passé d’une moyenne de moins de dix nouveaux cas par jour, observés depuis plusieurs mois, à plus de 600 cas depuis le week-end dernier. La capitale Kinshasa est la plus touchée avec plus de 80% des cas recensés ces derniers jours.
Les autorités ignorent tout de ce variant, y compris comment il est arrivé sur le territoire. Mais pour le patron de la Riposte contre le Covid-19 en RDC, le professeur Jean-Jacques Muyembe, il n’est pas nécessaire pour les pays occidentaux de fermer leurs frontières car le virus circule déjà.
« Pour le moment, ce variant Omicron occupe quand même une place importante. Disons 29% des souches que nous avons séquencé sont de Omicron. Sur le plan épidémiologique, on sait vraiment que c’est un virus qui se transmet très facilement, mais nous ne connaissons rien sur la gravité clinique, surtout sur son impact potentiel. Est-ce que les vaccins vont agir à 100% ? Ça nous ne le savons pas. Est-ce que les traitements en cours vont être efficaces ? Ça nous ne le savons pas non plus. Ce variant sera certainement dominant vers fin décembre, début janvier. Heureusement, on n’est pas trop débordés, même les morgues ne sont pas débordées. Et donc, il ne faut pas sanctionner les pays qui déclarent la circulation d’un variant, ce serait vraiment freiner l’élan de la lutte. Au moment où vous détecter un cas, c’est à dire, il y a déjà il y a déjà 1 000 cas. Ce que l’on voit, le premier cas que l’on détecte, c’est la pointe de l’iceberg. Le virus est déjà là, il circule, ça ne sert à rien de fermer les frontières. »
« 77 countries have now reported cases of Omicron, and the reality is that Omicron is probably in most countries, even if it hasn’t been detected yet. Omicron is spreading at a rate we have not seen with any previous variant »-@DrTedros #COVID19
— World Health Organization (WHO) (@WHO) December 14, 2021
♦ L’Europe prend de nouvelles mesures de restrictions
L’OMS a appelé mardi les pays à utiliser tous les outils anti-Covid à disposition pour éviter que les systèmes de santé ne soient submergés. Avec les vacances de fin d’années, de nombreux pays, notamment européens, adoptent déjà des mesures pour tenter d’endiguer la hausse des contaminations.
Ainsi aux Pays-Bas, le Premier ministre Mark Rutte a décidé de fermer une semaine plus tôt les écoles primaires et de prolonger les restrictions sanitaires actuelles jusqu’à la mi-janvier. Au Danemark, où le nombre de contaminations dépasse pour la première fois 1 000 cas quotidiens, les autorités sanitaires s’attendent à voir Omicron devenir dominant dans la capitale dès cette semaine et ont décidé de précipiter la 3e dose pour les plus de 40 ans.
Face à la recrudescence et pour éviter la saturation des hôpitaux, le gouvernement britannique a adopté mardi de nouvelles mesures, comme le port du masque en intérieur. En Italie l’état d’urgence en vigueur depuis janvier 2020 et qui devait prendre fin le 31 décembre a été prolongé pour encore trois mois. Le gouvernement italien a également ordonné à tous les voyageurs, y compris ceux de l’UE, de se tester avant d’entrer dans le pays. Au grand dam du secteur du tourisme, l’inquiétude autour du variant Omicron et des possibles restrictions à l’approche des fêtes de fin d’année a provoqué des annulations de voyage en cascade.
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