Des journées « villes mortes » dans le sud-est du Nigeria à l’appel des séparatistes ont coûté plusieurs millions de Nairas à l’économie. C’est ce que révèle un nouveau sondage publié le 13 septembre. Depuis le 9 août 2021, le mouvement des peuples indigènes du Biafra, Ipob, appellent les habitants à ne pas sortir les lundis.
L’objectif de ses journées « villes mortes » est de dénoncer la détention de leur leader Nnamdi Kanu, arrêté à la fin juin à l’étranger et remis aux autorités nigérianes de manière floue. Interrogés par le cabinet de recherche SBM Intelligence, un millier de personnes dans les cinq États du sud-est disent soutenir cet appel à rester à la maison.
Mais ils n’ont pas vraiment le choix, explique Ikemesit Effiong, chargé de recherche chez SBM : « Notre enquête a révelé que les journées « villes mortes » sont relativement suivies dans le sud-est du pays, mais qu’en général les gens les suivent par peur des représailles. Les mêmes personnes sondées affrontent une situation économique difficile, car cet appel à rester à la maison rend les rues désertes, entrainent la fermeture des entreprises et les écoles tournent au ralenti. Pas moins de 60% des personnes sondées déclarent que ces journées les ont impactées de manière disproportionnée. »
Stratégie classique
Ikemesit Effiong rappelle que c’est une stratégie classique du mouvement séparatiste du Biafra : « Le mouvement ipob a déjà recouru à cette stratégie par le passé, notamment lors de commémorations pour l’indépendance du « Biafra », le 30 mai. Le mouvement séparatiste organise également des opérations villes mortes le jour de l’indépendance du Nigeria, le 1er octobre. Pour l’arrestation de Nnamdi Kanu c’est la même stratégie qui est revenue. »
Le chargé de recherche craint toutefois que cela puisse dégénérer : « Le mouvement risque de se radicaliser, en demandant aux gens de descendre dans les rues pour des manifestations de grande ampleur. Il pourrait s’ensuivre une répression gouvernementale. À l’approche de quelques événements significatifs, le risque d’escalade est réel. »
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