La junte, réunie en Comité national du rassemblement et du développement, multiplie les annonces en vue d’organiser la phase de transition qui s’ouvre : le démantèlement des postes avancés des forces de sécurité à travers la capitale, la libération des prisonniers politiques… Et depuis ce week-end, c’est un numéro vert qui a été mis en place. Désormais, les populations peuvent composer le 100 pour signaler les abus et les délits commis par les forces de l’ordre.
Avec notre envoyé spécial à Conakry, Sidy Yansané
C’est sûrement la décision la plus originale de la junte au pouvoir. En composant le 100 depuis n’importe quel opérateur téléphonique, une voix vous accueille pour tout signalement des débordements des forces de l’ordre. Au quartier Bambéto, foyer de la contestation au régime du président déchu Alpha Condé, la mesure est saluée.
« Si toutefois les autorités arrivent à concrétiser ce qu’ils sont en train de faire là, on apprécie l’idée et on leur souhaite le meilleur », confie un habitant. « Dès qu’il y a des mouvements en Guinée, les gens en profitent pour piller les biens des gens. Le fait que ce comité a mis ce numéro vert en place, c’est salutaire », estime un jeune homme.
Mais ici on préfère tout de même juger sur pièce. Durant la transition militaire de 2009, habitants et commerçants de Conakry avaient subi les exactions des membres du CNDD, la junte conduite par le capitaine Moussa Dadis Camara. « Il y avait tellement de militaires qui fatiguaient les civils ici, surtout les commerçants », se souvient un habitant.
« Quand la nuit tombe, ils viennent arnaquer les gens. Si tu as un téléphone ou si on te voit avec de l’argent, ils viennent, garent le pick-up et te ramassent n’importe comment. »
Pour l’instant, le CNRD jouit de la confiance de la population. Mercredi dernier, deux soldats ont été radiés des rangs de l’armée pour s’être livrés à des pillages et du vandalisme, selon la junte au pouvoir.