« La contribution des entreprises à la relance économique », c’était le thème du Forum annuel du CIAN, le Conseil français des investisseurs en Afrique, organisé le 1er juillet en partenariat avec le journal l’Opinion. Près d’un an et demi après le début de la pandémie de Covid-19, qui a eu pour conséquence la récession économique du continent depuis plus 25 ans, le Forum du CIAN a appelé à « un nouveau pacte pour la relance ».
Le rendez-vous annuel du CIAN, qui était jusqu’ici une rencontre où étaient conviées presque exclusivement les entreprises, a vu cette fois une forte participation de représentants des États. Etienne Giros, président délégué du CIAN, explique la raison de cette nouveauté. « Nous pensons que les entreprises sont évidemment au cœur du redressement de l’Afrique après la crise, pour reprendre la croissance qui était la sienne auparavant. Donc ce sont les entreprises qui vont faire cela, mais elles ne peuvent pas le faire sans les pouvoirs publics. Et c’est important d’abord de parler de l’organisation générale de l’économie, du financement, etc. Et deuxièmement il faut qu’ils accompagnent les entreprises dans le mouvement. »
Il y avait donc des délégations de l’Algérie, de la RDC, de Côte d’Ivoire ou encore du Togo, mais également la présence de la plus grande institution financière continentale, représentée par Akinwumi Adesina lui-même, c’est le président de la Banque africaine de développement. « C’est très important pour moi de venir ici. Le secteur privé français fait quand même beaucoup d’investissements en Afrique, mais je veux qu’ils augmentent le niveau de leurs investissements. Parce que, aujourd’hui, au niveau de tous les investissements directs de la France dans le monde, l’Afrique ne représente que 4%. » explique-t-il.
Bouillonnement entrepreneurial en Afrique
Malgré la crise sanitaire, ses conséquences économiques et d’autres freins, le bouillonnement entrepreneurial reste important en Afrique, selon Etienne Giros. « Je ressens une forte augmentation de l’envie des entrepreneurs africains de créer des entreprises et de faire des affaires. En revanche, ce qui permet aux entreprises africaines de décoller bouge moins vite que leur propre envie. Par exemple, l’argent reste encore trop cher en Afrique. Pour une entreprise française, on peut s’endetter en France à 1% à peu près sur un projet d’investissement, en Afrique ça coûte 7% ! Ça veut dire qu’une entreprise africaine commence par partir déjà avec un handicap, puisqu’il faut qu’elle gagne au moins 7% pour payer ces intérêts. »
Mais ce handicap de départ peut être évité, selon Henri de Villeneuve, fondateur et directeur de COBASA et de SAPA, 2 sociétés spécialisées dans les investissements en Afrique. « L’argent est une commodité qui est assez répandue. Et en face il y a des opportunités à saisir. Donc il faut imaginer des véhicules, qui permettent aujourd’hui à l’investissement, sûrement local, étranger probablement, à se porter sur les opportunités en Afrique. Je pense que l’heure, aujourd’hui en Afrique, est plus à l’investissement qu’à l’export. »
Pour le CIAN, plus qu’ailleurs, les entreprises vont porter la relance en Afrique, à cause du manque de moyens des Etats, sachant que pour les mesures anti-covid, l’ensemble des gouvernements n’a mobilisé que 2% du PNB du continent contre 25% pour l’Europe, selon Brune Le Maire, le ministre français de l’Economie et des Finances.