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SÉCURITÉ

Massacre de Solhan au Burkina Faso: deux hommes ont été écroués, selon le procureur

Le 5 juin 2021, des hommes armés ont attaqué cette localité de la province du Yagha à l’est du pays, tuant au moins 130 personnes, selon les autorités. Ce lundi 28 juin, le procureur du Faso Emile Zerbo a publié un communiqué pour faire le point sur l’enquête.

Diligentée par la Brigade spéciale des investigations antiterroristes et de lutte contre la criminalité, l’enquête a permis, le 25 juin, la présentation au parquet de deux hommes : Tidjani Mano, appelé aussi Ali, et Dikouré Woba. D’après le communiqué, ces deux hommes, âgés de 28 ans, sont originaires de la localité d’Ouro-Diako dans le département de Boundoré, toujours dans le Yagha. Ils sont membres d’un groupe dénommé « Mouhadine », qui signifie « les gens solidaires ». D’après l’enquête, Tidjani Mano serait le chef de l’une des bases de ce mouvement, cachée en forêt de Boundori.

Le massacre de Solhan ne serait pas leur premier fait d’armes. Dans son communiqué, le procureur du Faso leur attribue plusieurs attaques à Sebba, Boundoré et Koholoko, sans en donner les dates. « Mouhadine » aurait même mené des incursions au Niger et au Bénin, mais là encore, le procureur ne fournit pas plus de détails. Il leur attribue néanmoins l’attaque de Boungou du 6 novembre 2019. Cette embuscade contre le convoi d’une compagnie minière avait fait près de 40 morts.

Groupe actif depuis 2019

Ce communiqué laisse néanmoins beaucoup de questions en suspens. On en sait très peu sur ce groupe terroriste dont personne n’avait entendu le nom avant. Il serait pourtant actif depuis 2019, et aurait des moyens importants. À Solhan, les enquêteurs ont découvert plus de 500 douilles de kalachnikovs de différents modèles.

D’après le communiqué, Mouhadine est « divisé en sous-groupes répartis sur le territoire ». Youssoufi Sow, adjoint au maire de Solhan, déclare n’avoir jamais entendu le nom de ce groupe. Mais confie que les populations se tiennent depuis longtemps éloignées de la forêt de Boundoré, réputée dangereuse.

La semaine dernière le gouvernement burkinabè avait affirmé que Mouhadine se revendiquait d’al-Qaïda. L’organisation a pourtant condamné l’attaque de Solhan.

Selon Lemine ould Salem, spécialiste des groupes jihadistes dans le Sahel, les membres de ce groupe pourraient bien avoir été actifs individuellement sans être formellement liés à al-Qaïda. « Se faire appeler Al Mouahhidine, « solidaires ou unionistes » en arabe, n’est pas une anomalie. Les groupes utilisent ce genre de noms avant d’être annoncés comme membres d’une organisation plus grande. »

D’autres analystes s’étonnent de la découverte d’un groupe actif depuis plusieurs années et suffisamment organisé pour mener des opérations d’envergure. « Le gouvernement veut prouver son efficacité », explique l’un d’eux, alors que des manifestations sont prévues samedi dans le pays.

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