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ENVIRONNEMENT

Lee White, ministre gabonais des Forêts

Le 22 juin 2021, le Gabon est devenu le premier pays africain à être payé par des fonds internationaux pour l’aider à poursuivre ses efforts de protection des forêts sur son territoire. L’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI), un organisme lancé en 2015 par les Nations unies, a attribué au Gabon 17 millions de dollars. « Aujourd’hui l’économie » dresse le portrait de Lee White. Ce quinquagénaire, d’origine britannique, est installé au Gabon depuis 32 ans et a fini par en prendre la nationalité. Il est donc ministre gabonais des Eaux et forêts, de la mer et de l’environnement depuis le 10 juin 2019.

Depuis sa nomination comme ministre, Lee White a troqué ses tenues de ranger indispensables pour sillonner les forêts, au profit du costume. Mais il s’habille de façon contractée en privé. Sa nomination avait été une surprise dans son pays d’adoption. Au-delà d’être Blanc, en défenseur acharné de l’environnement, Lee White a toujours entretenu des rapports tendus avec les responsables du ministère qu’il dirige aujourd’hui. Lui dit qu’il doit sa nomination à son expertise.

« Tout le monde sait que je ne suis pas un homme politique classique au Gabon. J’ai été nommé pour ma technicité, dans un ministère où on a eu des problèmes. Il y a eu 11 ministres en 10 ans ! J’ai déjà dépassé la durée moyenne de 11 mois, ça fait 2 ans maintenant » qu’il est à la tête d’un ministère difficile à gérer.

Un père amoureux de la nature

Né à Manchester, ce Britannique qui a grandi en Ouganda auprès d’un père amoureux de la nature. C’est donc très tôt qu’il contemple la faune et la flore des parcs nationaux en Afrique de l’Est. Il découvre le Gabon en 1989 où il arrive pour des recherches liées à ses études en Zoologie. Il a alors 23 ans. Il ne quittera pratiquement plus le pays.

Il représente au Gabon dès 1992 la Wildlife Conservation Society. Cette ONG américaine va aider ce pays – qui a aujourd’hui 90% de couvert forestier – à mettre en place les parcs nationaux en 2002. Époque où Lee White conseille le président Omar Bongo sur les dossiers climatiques et l’écotourisme.

Un scientifique qui murmure à l’oreille des présidents

C’est d’ailleurs lui qui aurait en partie converti les présidents Bongo – père et fils – à la protection de l’environnement. En 2009, un an après avoir obtenu la nationalité gabonaise, il est nommé à la tête de l’Agence nationale des parcs nationaux, qui gère treize réserves. Dix ans plus tard, il est donc nommé ministre des Eaux et forêts, de la mer et de l’environnement. Avec ce titre, est-ce qu’il est beaucoup plus écouté sur les questions environnementales ?

« J’étais quand même membre du comité national du PDG (le parti au pouvoir), mais je n’étais pas un élu. J’étais le patron des parcs nationaux. Je faisais un petit peu de politique à La Lopé, où j’ai vécu pendant 30 ans, plus pour développer La Lopé que pour faire la politique. Bien évidemment, 10 ans comme patron des parcs nationaux au Gabon, c’est un rôle assez politique déjà : on travaille beaucoup avec le gouvernement et avec les populations, donc l’avais une certaine expérience politique qui vient de cela. Mais je suis aussi écouté au niveau international, parce que j’ai plus qu’une centaine de publications scientifiques. Donc, peut-être oui, en tant que ministre la voix porte un petit peu plus haut. Mais ma voix est aussi beaucoup plus critiquée. »  

Ces critiques viennent notamment d’un autre défenseur de l’environnement : le patron de l’ONG Brainforest. Marc Ona estime par exemple que l’action de Lee White quand il était à la tête de l’Agence nationale des parcs nationaux n’a pas réussi à endiguer le fléau du braconnage.

Des actions louables mais insuffisantes

Tout en reconnaissant l’apport de Lee White dans la conservation des forêts au Gabon, Marc Ona considère que s’il a eu des résultats mitigés sur les parcs nationaux qui représentent près de 11% du territoire, il lui sera difficile de gérer la totalité des terres.

D’autres critiques viennent des syndicats, à l’instar de Didier Bibang Atome. Le président du Syndicat national des personnels des eaux et forêts (Synapef), dénonçait en juin 2020 certaines nominations de Lee White.

« Le Blanc du gouvernement nous a totalement déçu. Parce qu’on a nourri un espoir quand il est arrivé, mais on a constaté qu’il est devenu pire qu’un Gabonais. »

C’est un autre son de cloche du côté des exploitants forestiers, qui attendent de Lee White le renforcement des mesures contre le trafic illégal du bois. Le directeur des exploitations du groupe français Rougier au Gabon, Jean-Benoît Sicard dit ne pas connaître personnellement Lee White, mais il salue sa disponibilité et sa maîtrise du secteur.

« On travaille avec lui assez régulièrement. A titre professionnel, nous estimons que c’est un technicien de haut vol, qui connaît parfaitement les exigences de la certification forestière et e l’exploitation – qui ne sont pas tout à fait les mêmes. C’est quelqu’un de très disponible et qui surtout a une vision du développement de la filière bois, à la fois pour l’exploitation des forêts naturelles et pour l’exploitation des plantations, et qui permettra normalement de pouvoir se développer sereinement. »  

Lee White a participé à la création d’une quarantaine d’aires protégées, surtout au Gabon, mais aussi en Sierra Leone et au Nigeria.

Sa curiosité de scientifique naturaliste reste intacte. Evoquant le Parc national de Loango dans le Sud-Ouest du Gabon, où des éléphants se promènent parfois sur la plage de l’Atlantique, près d’un endroit fréquenté aussi par les baleines, il souhaiterait savoir si les pachydermes et le plus grand animal marin se parlent !

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