Alors que le conseil exécutif du Fonds monétaire international doit se réunir prochainement pour décider d’un nouveau prêt à accorder au Cameroun, ONG et organisations de la société civile montent au créneau pour demander à l’organisation internationale d’exiger des mesures anti-corruption au gouvernement en échange de ce prêt.
Mi-mai, un audit de la chambre des comptes de la Cour suprême camerounaise portant sur 180 milliards de francs CFA prêtés par le FMI pour lutter contre la pandémie fuitait sur les réseaux sociaux et révélait que des milliards de francs CFA auraient été détournés.
En pleine pandémie, alors que les hôpitaux manquaient de tout, gants, masques, tests de dépistage, ambulances… étaient promis aux soignants grâce aux fonds prêtés par le FMI. Mais l’argent aurait été largement détourné. Sarah Saddoun, chercheuse à Human Rights Watch, demande désormais des garanties.
« Nous voulons de la transparence. Nous voulons accéder aux comptes complets liés au Covid-19. De plus, l’audit n’est que partiel. Il ne concerne que deux ministères sur les dix qui ont reçu des fonds Covid. Or nous, nous souhaitons un audit complet et indépendant sur toutes les dépenses liées au Covid. Nous voulons aussi que toutes les personnes impliquées dans ces faits de corruption rendent des comptes. »
Le ministère de la Communication rappelle dans un communiqué qu’une enquête judiciaire est en cours. Pourtant, Maximillienne Ngo Mbe, directrice du Réseau des défenseurs des droits de l’homme en Afrique centrale (Redhac), appelle à la vigilance.
« Si pratiquement tous les ministères, y compris le Premier ministre, sont passés devant le tribunal spécial, nous sommes inquiets parce que la justice depuis un moment est très malade et de plus en plus aux ordres. On a quand même vu le tribunal spécial être cambriolé et spécialement les bureaux où certains des ministres sont passés en audition… »
Contacté par RFI, le FMI affirme porter « une attention particulière à la question de la transparence et la gouvernance. Nous ne souhaitons pas que cela passe au second plan dans cette crise », explique un porte-parole.