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Le premier président zambien, Kenneth Kaunda, est mort à 97 ans

Le gouvernement zambien a annoncé ce jeudi la mort à l’âge de 97 ans du premier président du pays, Kenneth Kaunda, père de l’indépendance de l’ancien protectorat britannique qu’il dirigea pendant 27 ans.

Il était surnommé le « Gandhi africain » pour son militantisme non violent. Kenneth Kaunda avait mené l’ancienne Rhodésie du Nord à l’indépendance sans effusion de sang en 1964. Il est « mort paisiblement » à 14h30 (12h30 GMT) à l’hôpital, a déclaré ce jeudi le secrétaire du gouvernement, Simon Miti, à la télévision nationale. Un deuil national de 21 jours a été décrété.

L’ancien chef de l’État, également surnommé « KK », avait été hospitalisé lundi dans un hôpital militaire de la capitale Lusaka, pour une pneumonie. L’actuel président, Edgar Lungu, a exprimé sa « grande tristesse » dans un message publié sur Facebook. « Vous êtes parti au moment où nous nous y attendions le moins », a-t-il posté, regrettant la disparition d’une « véritable icône africaine ».

Petit dernier d’une famille de huit enfants, Kenneth Kaunda voit le jour en 1924. Fils d’un pasteur originaire du Malawi, il se tourne d’abord vers l’enseignement. Puis s’engage en politique au sein de la branche Rhodésie du Nord de l’ANC. Ce qui lui vaudra quelques mois de prison. À sa sortie, il fonde le parti unifié pour l’indépendance nationale, l’Unip et devient en 1964, à l’âge de 40 ans, le plus jeune premier ministre du Commonwealth.

Réélu tous les cinq ans

Quand la République de Zambie est proclamée le 24 octobre de la même année, il en devient le premier président. Mais très vite, et dès les premières années de l’indépendance, le leader populaire se transforme en autocrate. Il interdit tous les partis d’opposition. Seul l’Unip est autorisé au motif d’éviter l’éclatement du pays.

Réélu tous les cinq ans, il reste 27 ans au pouvoir et sa popularité dans son pays s’étiole. Très engagé dans la dénonciation de l’apartheid en Afrique du Sud, il reçoit Nelson Mandela après sa libération, mais ne parvient pas à enrayer la détérioration du quotidien des Zambiens. Des émeutes de la faim et une contestation grandissante le poussent à accepter le multipartisme. En 1991, il est battu lors des élections libres et obligé de céder la place à Frederick Chiluba.

Les tensions avec son successeur sont telles que Kenneth Kaunda se retire de la vie politique dans les années 2000, se concentrant alors sur des missions de médiations sur le continent africain et la lutte contre le sida, maladie à laquelle avait succombé l’un de ses fils. Avant d’autres, Kenneth Kaunda a vu dans cette maladie une menace pour le continent : « nous devons combattre le VIH avec le même zèle que nous avons combattu le colonialisme », disait-il.

Un pays refuge

Kenneth Kaunda fut un président qui jouissait d’un grand prestige à l’étranger. En Occident pour avoir accepté le multipartisme et le résultat des élections. Sur le contient africain pour avoir soutenu les mouvements de libération en Angola, au Mozambique, au Zimbabwe et en Namibie.

La Zambie de Kenneth Kaunda c’était un refuge. D’abord pour le Congrès national africain (ANC), banni du paysage politique sud-africain jusqu’en 1990. Le siège du parti de Mandela avait été déplacé à Lusaka, la capitale zambienne. Le président du parti, Oliver Tambo y a vécu vingt-deux ans en exil dans une maison fournie par la présidence zambienne.

D’autres mouvements de libération et leurs branches armées avaient fait de la Zambie leur base arrière : des hommes et des armes venus du Zimbabwe, du Mozambique, d’Angola ou de Namibie. « Kenneth Kaunda était résolu à libérer notre région du colonialisme » a tweeté l’actuel président namibien Hage G. Geingob.

Kaunda nous laisse un héritage compliqué, il est impossible de parler de lui sans le replacer dans l’histoire…

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