Cette semaine, les membres du Parlement, sous le contrôle du parti au pouvoir, la Zanu-PF, ont fait passer un amendement de la Constitution qui permettra au chef de l’État de contrôler un peu plus l’appareil judiciaire.
Avec une majorité au Parlement, les députés du parti au pouvoir n’ont eu aucun mal à faire passer cet amendement de la Constitution. Celui-ci va permettre au chef de l’État, Emmerson Mnangagwa, arrivé au pouvoir en 2017 après la destitution de l’ancien président Robert Mugabe, de nommer seul les principaux magistrats du pays sans aucune consultation : Cour constitutionnelle, Cour suprême, hautes courts.
Une main mise sur l’appareil judiciaire déjà en place sous l’ancien président mais qui avait été modifiée en 2013 sous la pression de l’opposition.
Pour Musa Kika, de l’organisation zimbabwéenne des droits de l’homme, cet amendement constitue un véritable recul démocratique. « La séparation du pouvoir est la base de notre système de gouvernance. Trois branches : législatif, exécutif et judiciaire qui travaillent ensemble et œuvrent pour un équilibre du pouvoir. Cet amendement mutile notre système de gouvernance et permet un pouvoir absolu sans aucun contrôle », déplore-t-il.
Cet amendement fait partie d’une série de changements qu’appuie le parti au pouvoir. Ils permettraient par exemple au vice-président d’être nommé et non plus élu. Ou de maintenir dans leur fonction des magistrats acquis au régime mais ayant dépassé l’âge de la retraite.
Ces amendements, 27 au total, doivent encore être signés par le chef de l’État. Pour la société civile, qui compte saisir la justice pour bloquer ces amendements, ces modifications de la Constitution sont une restriction supplémentaire de l’espace démocratique.