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L’obésité au Ghana, un problème de santé publique

Un tiers de la population du Ghana est en surpoids, et un Ghanéen sur 10 est obèse. En cause, un régime alimentaire riche et la sédentarisation des modes de vie dans les milieux urbains.

De notre correspondante à Accra,

Dès la fin de la matinée, les rues d’Accra se remplissent de l’odeur des plats qu’on cuisine : le poisson frit dans les échoppes, les bananes plantains sautées, le riz frit et les ragoûts. Une nourriture lourde, riche en huiles et en féculents, reconnaît Daniel Sukah Mawuli, manager d’un restaurant de cuisine traditionnelle. « Nous les Ghanéens, nous aimons manger du fufu et du banku, qui sont des boules de pâte à base de manioc. Du waakye, aussi : c’est un mélange de riz et de haricots rouges. On mange tout ça avec des ragoûts et des sauces au piment, qui sont tous préparés à base d’huile. »

Des habitudes culinaires qui ne sont pas sans conséquences : l’obésité est devenue un enjeu de santé publique au Ghana. La part de la population concernée a été multiplié par 6 en 40 ans. En 2016, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 10,9 % de la population adulte du Ghana était obèse et 30,8 % était en surpoids. Pourtant, l’obésité est encore rarement perçue comme un problème, souligne Crispin Mills, client dans ce restaurant. « Voir des gens gros ici, c’est quelque chose de normal, c’est ce qu’on a toujours connu. Les gens pensent que si vous êtes mince, vous êtes mal nourri ou pauvre. Mais quand ils voient quelqu’un avec du ventre, ils se disent qu’il est riche ! »

Pour les nutritionnistes, le problème ne vient pas seulement de l’alimentation, mais aussi de la sédentarisation des modes de vie, explique Sandra Boatemaa Kushitor, chercheuse en santé des populations à l’Université du Ghana. « Les gens ne marchent plus autant qu’avant. Dans les zones urbaines, même pour les courtes distances, moins d’un kilomètre parfois, on prend le trotro [minibus, NDLR]. Les métiers qui demandent une activité physique ne sont plus aussi communs qu’avant. Les gens travaillent plus dans le commerce que dans l’agriculture. »

La nutritionniste plaide pour un changement structurel, avec la mise en place d’une couverture de santé à l’échelle nationale. « Je pense qu’au niveau structurel, là où cela compte le plus, il faudrait mettre en place une couverture de santé nationale. Il faudrait que les gens puissent se rendre à l’hôpital, être pesés, et qu’un nutritionniste leur donne des conseils en fonction. »

Mais pour l’heure, la mécanique semble encore difficile à enrayer. D’autant plus que la nourriture traditionnelle commence à être concurrencée par les fast-foods américains. Burger King, KFC et Pizza Hut ont récemment pris pied dans la capitale, et séduisent une clientèle jeune, issue de la classe moyenne, et de plus en plus nombreuse.

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