Lundi 15 mars au soir, 58 villageois de retour d’une foire ont été abattus par des hommes armés au Niger. Mercredi, le chef de l’État, Mahamadou Issoufou, a présidé un Conseil de sécurité extraordinaire. L’augmentation des effectifs militaires dans le Tillabéry et l’envoi d’une mission ministérielle de haut niveau sur place ont été décidés. L’émotion est forte dans les rues de la capitale Niamey.
Avec notre envoyée spéciale à Niamey, Gaëlle Laleix
Aujourd’hui était le deuxième jour de deuil national, aujourd’hui au Niger, décrété mardi 16 mars au soir, après une attaque vers la commune de Banibangou, dans la région de Tillabéry, à l’ouest du pays. Le bilan est très lourd : 58 morts.
Dans le quartier de Yantala, sur la route de Tillabéry, des minibus se remplissent de passagers. Bientôt ils partiront pour Tillabéry avec beaucoup d’inquiétude. Harouna vend les tickets. « Les bus qui partent à Tillabéry ont peur de ceux qui peuvent couper la route, raconte-t-il. La nuit, il y a des coupeurs de route. On dit qu’ils sont dans les villages, qu’ils sont partout. On a peur. Il faut qu’on nous aide. »
« On tue les Nigériens comme des chiens, on brûle leurs maisons, on les chasse »
Sur un banc à côté, Boubacar attend. Il prend souvent cette route pour rendre visite à sa famille. La peur, il s’y est habitué. « On est habitués, explique-t-il. Chaque semaine ou bien tous les deux ou trois jours, on dit qu’ils ont attaqué tel lieu. On te prend, on te tue, comme ça. Des familles ont été touchées. »
À la gare, Maiaki prend son thé. Il vient d’entendre la nouvelle : les effectifs militaires seront augmentés dans le Tillabéry, où se trouve sa famille. Cette mesure ne le réconforte pas. « Pourquoi augmenter les soldats ? demande-t-il. Ceux qui sont là, que font-ils ? On tue les Nigériens comme des chiens, on brûle leurs maisons, on les chasse. L’État a abandonné le Tillabéry, donc ça très fait mal. »
En novembre dernier, l’Assemblée nationale nigérienne a voté une loi qui vise à doubler les effectifs de l’armée. L’objectif est d’atteindre 50 000 soldats d’ici cinq ans.