La situation dans la province de l’Ituri reste préoccupante. Entre mai et décembre 2020, des attaques ont fait au moins 647 morts et plus de 1,6 millions de déplacés, selon l’ONU. Face aux limites de l’action militaire, Félix Tshisekedi avait envoyé en juillet 2020 des ex-seigneurs de guerre pour négocier un cessez-le-feu avec les miliciens de la Codeco. Plus de six mois plus tard, où en sommes-nous ?
Depuis un mois un demi, les ex-chefs de guerre envoyés par le président congolais pour négocier un cessez-le-feu en Ituri, dans le nord-ouest de la RDC, sont à Kinshasa pour faire le point sur leur médiation. Pendant leur mission, ils ont rencontré plusieurs groupes de miliciens qui se réclament de la Codeco, le plus grand mouvement armé de la province de l’Ituri actuellement.
Ils ont également échangé avec les leaders de deux nouveaux groupes armés : les FPIC (Forces patriotiques et intégrationnistes du Congo) « Chini ya Kilima », proches de la communauté Bira, et les Front populaire d’autodéfense en Ituri (FPAC/Zaïre), proches de la communauté Hema. Ces deux mouvements sont parmi les plus violents depuis quelques mois.
Flou et manque de financements
Différents actes d’engagement ont été signés par certains membres de ces groupes. D’autres ont même clamé leur volonté de déposer les armes sous certaines conditions. Quatre sites ont été identifiés pour leur pré-cantonnement dans le cadre d’un éventuel processus de DDR (Désarmement, démobilisation, réintégration) mais, « faute d’argent et de stratégie, rien n’a été fait », déplore l’un d’entre eux.
Face à cette situation, certaines de ces milices se sont réactivées. Le groupe Union de révolutionnaires pour la défense du peuple congolais (URDPC) par exemple s’est illustré ces dernières semaines par des attaques contre des sites miniers, notamment à Mungwalu.
Et pendant ce temps à Kinshasa, une commission technique a été mise sur pied cette semaine. Elle est composée des délégués de la maison militaire du chef de l’État et de certains ex-chefs de guerre.
Mais le grand problème de ce processus, selon des sources concordantes, c’est l’absence d’une vision claire et d’un plan détaillé. En conséquence, plusieurs bailleurs internationaux rechignent à débloquer des financements. Le processus reste au point mort, et pour l’heure, il est difficile de savoir si la mission de ces ex-seigneurs de guerre va se poursuivre ou non. C’est en tout cas ce que se demandent plusieurs acteurs de la société civile en Ituri.